Evolution : depuis la 2 CV A jusqu’à la 2 CV 6, tous les moteurs bicylindres de 1949 à 1990
2CV-MCC | 25 mai 2020Depuis la première 2 CV A produite à l’usine de Levallois en juillet 1949 jusqu’à la dernière 2 CV 6 assemblée à l’usine portugaise de Mangualde en juillet 1990, les petites Citroën ont reçu sous leur capot plusieurs générations de moteurs bicylindres de diverses puissances et de diverses cylindrées.
Si l’on se base strictement sur les cylindrées de ces moteurs, ceux-ci se répartissent en quatre familles principales soit, par ordre chronologique, 375, 425, 602 et 435 cm3. Mais tout n’est pas si simple que cela. En effet, pour les moteurs de 425 cm3 comme pour les moteurs de 602 cm3, l’on distingue trois évolutions bien distinctes pour le premier et deux pour le second.
● Le moteur de 375 cm3
Ce premier moteur a été conçu par Walter Becchia, recruté par Citroën pendant l’Occupation, qui est alors l’un des meilleurs motoristes de sa génération. Pour la 2 CV, il imagine un moteur à bicylindre à plat où le refroidissement se fait principalement par air forcé autour des cylindres et des culasses. Mais, pour ces dernières, il conçoit aussi un refroidissement par circulation d’huile avec réfrigérateur. Cet ingénieux dispositif vient ainsi évacuer les calories au niveau des guides de soupapes d’échappement. Mais là n’est pas la seule originalité de ce moteur. Il est aussi doté d’un reniflard qui, lorsque les pistons reviennent l’un vers l’autre, évacue la pression qui est alors créée dans le carter, et qui empêche aussi l’air extérieur d’y pénétrer lorsque ces mêmes pistons s’éloignent. Cela crée une dépression dans le moteur qui évite de solliciter ses joints d’étanchéité et de prévenir toute éventuelle velléité de fuite d’huile.
Le moteur de 375 cm3 est monté sur la 2 CV A à partir de 1949 et sur la 2 CV AU, sa version Camionnette, à partir de 1951.
● Le moteur de 425 cm3 première génération
Il faut en fait attendre le mois de septembre 1954 pour voir le moteur de 425 cm3 enfin apparaître sous le capot de la 2 CV avec le lancement des nouvelles 2 CV AZ et 2 CV AZU. Extérieurement, il est strictement identique au moteur de 375 cm3 sauf que sa plaque porte les lettres AZ et que ses cylindres dont l’alésage est passé de 62 à 66 mm, voient leurs ailettes usinées désormais échancrées pour laisser passer les goujons de serrage des culasses et les tubes-enveloppes de retour d’huile contenant les tiges de culbuteurs. Aussi, et jusqu’à la fin de sa production, il est équipé d’une hélice de refroidissement en tôle à six pales caractéristique.
Dans sa première version apparue à partir de septembre 1954 avec la 2 CV AZ et la 2 CV AZU, le moteur de 425 cm3 délivre seulement 12 ch réels, soit trois de plus que le moteur de 375 cm3.
A partir du mois d’octobre 1961, la puissance réelle du moteur passe à 13,5 ch à 4 200 tr/mn et le taux de compression est porté de 7,2 à 7,5. Le volant moteur est à nouveau modifié et le compteur est maintenant gradué jusqu’à 100 km/h au lieu de 90… Mais Citroën ne s’arrête pas là et offre une ultime évolution à son moteur de 425 cm3 de première génération en avril 1962 en portant sa puissance réelle à 15 ch à 4 500 tr/mn. Cette fois-ci, toutes les 2 CV en profitent simultanément.
● Le moteur 425 cm3, Type A 53
En février 1963, Citroën améliore encore le moteur de la 2 CV. Cette fois-ci, il n’est pas question de se contenter de modifier les réglages de l’allumage et le carburateur. Le nouveau moteur est une réelle évolution du précédent même s’il conserve la cylindrée de 425 cm3 et le taux de compression de 7,5. Cylindres, pistons, embiellage, culasses, tubulure et carburateurs sont nouveaux ! La maison Solex fournit maintenant des carburateurs 28 CBI (avec frein de ralenti) et 28 IBC (sans frein de ralenti) avec une buse de 22.
Le moteur de 425 cm3 Type A 53 se différencie de son prédécesseur par ses fixations de tubulures à quatre goujons par culasse au lieu de trois, son collecteur de refroidissement avec deux nervures horizontales embouties de part et d’autre de la grille et son reniflard plus haut, plus mince et avec un couvercle plus petit à verrouillage basculant.
● Le moteur 425 cm3, Type A 79/0-AYA
Troisième et dernier moteur de 425 cm3, le moteur Type A 79/0-AYA a été mis au point pour la Dyane et il apparaît avec cette dernière en 1967. Par rapport au moteur Type A 53 qui le précède, celui-ci délivre 21 ch SAE à 5 450 tr/mn au lieu de 18 à 5 000 tr/mn. L’alésage x course en vigueur depuis septembre 1954, soit 66 x 62 mm est conservé, mais le taux de compression passe de 7,5 à 7,75 grâce à l’adoption de nouveaux pistons. Simultanément, ce moteur est monté sur la 2 CV AZU en remplacement du moteur Type A 53 de 18 ch.
Extérieurement, ce nouveau moteur se présente comme le moteur Type A 53 à l’exception du reniflard avec clapet intégré, et non plus latéral, tandis que le ventilateur métallique à six pales est remplacé par un ventilateur en plastique à huit pales.
● Le moteur 602 cm3, Type M 4-AM
Le moteur de 602 cm3 de première génération apparaît en 1961 avec l’Ami 6. A partir de 1963, Citroën propose une nouvelle 2 CV Camionnette dérivée de la 2 CV AZU et équipée de ce moteur. Recevant une caisse rallongée de vingt centimètres dans le porte-à-faux arrière et offrant une charge utile de 350 kg au lieu de 250, celle-ci est baptisée 2 CV AK 350. Cette nouvelle camionnette est en fait la première 2 CV à moteur 3 CV. La version du moteur de 602 cm3 qui l’équipe est légèrement moins puissante que celle de l’Ami 6. Si, extérieurement, il ressemble fortement aux moteurs de 425 cm3 Type A 53, il reçoit une hélice de refroidissement en plastique blanc à huit pales et son collecteur d’air se voit embouti, à droite et à gauche de l’hélice, de grandes nervures croisées formant deux grands X. A droite, sur la tubulure d’échappement, l’on trouve positionné la dynamo six volts puis l’alternateur 12 volts.
● Le moteur 435 cm3, Type A 79/1-AYA 2
A partir de 1968 apparaît une nouvelle Dyane équipée d’un nouveau moteur de 435 cm3 et 68,5 x 59 mm d’alésage x course délivrant 26 ch SAE ou 24 ch din à 6 750 tr/mn. Fonctionnant sous une tension de six volts, celui-ci reçoit tout d’abord une dynamo en bout de vilebrequin comme le moteur de 425 cm3 Type A 79/0-AYA dont il dérive. Il s’en distingue essentiellement par ses nouvelles culasses où les plans de joint de l’admission et de l’échappement ne sont plus alignés. Aussi, il reçoit un nouveau type de chauffage où l’air est à la fois réchauffé par le moteur mais aussi, ensuite, par deux gros échangeurs thermiques traversés par les échappements. Il est le premier moteur à être équipé des cache-culbuteurs nervurés en tôle emboutie.
A partir de 1970, ce même moteur équipe la nouvelle 2 CV 4 et fonctionne dès lors sous une tension de 12 volts. Ce moteur équipe la Dyane 4 et la 2 CV 4 jusqu’à leurs disparitions respectives. Comme le moteur de 375 cm3, le moteur de 435 cm3 ne connaît pas d’évolution notable tout au long de sa carrière et conserve sa puissance de 26 ch SAE.
● Les moteurs 602 cm3, Type M 28-AM 2, M 28-AM 2 A et Type M 28/1-AK 2, M 28/1-A 06/635
En mai 1968, lors de la présentation de la Méhari à Deauville, Citroën dévoile un nouveau moteur de 603 cm3, 74 x 70 mm d’alésage x course et 3 CV fiscaux sous deux versions, Type M 28-AM 2 et Type M 28/1-AK 2. La première, équipée d’un carburateur double corps, délivre 35 ch SAE ou 32 ch din à 5 750 tr/mn avec un taux de compression de 9 et est destinée à l’Ami 6 puis à l’Ami 8, tandis que la seconde, équipée d’un carburateur simple corps, délivre 33 ch SAE ou 28 ch din à 5 750 tr/mn avec un taux de compression de 8,5 et est destinée à la 2 CV AK 350. Ces deux nouveaux moteurs reçoivent un chauffage du même type que le moteur A 79/1-AYA 2 avec deux gros échangeurs thermiques traversés par les échappements. Remarque d’importance, les moteurs Type M 28-AM 2 sur Dyane et Ami 8 et les moteurs Type M 28/1-AK 2 sur Méhari, 2 CV 6 et 2 CV AKS 400, adoptent à partir du 2 novembre 1970 un circuit d’huile à filtration à cartouche externe démontable. Depuis mai 1968, celle-ci était interne et son remplacement nécessitait d’ouvrir entièrement le moteur… Cette modification entraîne le montage de nouvelles pièces dont un arbre à cames plein et non plus creux dans lequel circulait l’huile moteur.
Dyane 6 et Acadiane
Après l’Ami 6 et la 2 CV AK 350, la Dyane 6 de seconde génération, lancée en 1968, est la première à recevoir le nouveau moteur de 602 cm3 dans sa version M 28/1-AK 2. En février 1970, lorsque sort la 2 CV 6 qui reçoit ce même moteur, la Dyane 6 est alors équipée de la version plus puissante de 35 ch, Type M 28-AM 2, qui était jusqu’alors réservée à l’Ami 8.
Méhari tous modèles
La Méhari, dès sa mise en production à la fin de l’année 1968 reçoit le moteur M 28/1-AK 2 délivrant 28 ch din à 5 750 tr/mn. En juillet 1978, la Méhari reçoit une version évoluée du moteur M 28/1 désignée M 28/1-A 06/635 et qui, équipée d’un carburateur à double corps, délivre maintenant 29 ch din à 5 750 tr/mn. Elle conserve ce moteur jusqu’à la fin de sa production en juin 1987.
2 CV 6 tous modèles
Lors de sa sortie en février 1970, la 2 CV 6 est équipée du moteur de 602 cm3 Type M 28/1-AK 2 de 28 ch din à 5 750 tr/mn qui est apparu en mai 1968 sur la 2 CV AK 350. En juillet 1978, là aussi, elle reçoit la version évoluée du moteur M 28/1-AK 2 à carburateur à double corps délivrant 29 ch din à 5 750 tr/mn et désignée M 28/1-A 06/635. Elle aussi conserve ce moteur sans modification jusqu’à la fin de sa production en juillet 1990.
2 CV AKS 400
Quant à la 2 CV AKS 400, lancée en juillet 1970 en remplacement de la 2 CV AK 350, elle en reprend le moteur Type M 28/1-AK 2 de 28 ch din à 5 750 tr/mn qui équipe alors la Méhari et la 2 CV 6. Elle conserve ensuite cette configuration du moteur M 28/1-AK 2 sans modification notable jusqu’à la fin de sa production au mois de mars 1978 lorsqu’elle s’efface devant l’Acadiane.