GARAGE NOGRETTE A CORBIGNY, trois générations de passion pour la marque aux deux chevrons
2CV-MCC | 21 février 2022Dans sa famille, François Nogrette représente la troisième génération d’agent Citroën. Tout a commencé lorsque Jean Nogrette, son grand-père, originaire d’Argenton-sur-Creuse dans l’Indre, est monté à Paris. Le père de ce dernier, couvreur de profession, était persuadé que la réparation et la mécanique automobile étaient alors pour lui une activité pleine d’avenir.
Il s’installe ainsi en 1946 rue du Luth à Gennevilliers dans l’ancien département de La Seine. Là, très vite, il se spécialise dans les Citroën. En 1950, il obtient le fameux panneau aux deux chevrons jaune sur fond bleu. C’est l’âge d’or des Traction, des camions T 45 et U 23, mais aussi des Type H et 2 CV lancés depuis seulement quelques années et que tout le monde s’arrache. En 1965, Daniel Nogrette, le fils de Jean et le père de François, commence à reprendre l’agence Citroën familiale qui tourne à plein. Mais, quatre ans plus tard, en 1969, il faut déménager. Le garage est exproprié pour cause de projet immobilier. En 1970, un garage à vendre est trouvé à Bois-Colombes au 17 bis avenue Gambetta.
Né en 1969, François Nogrette y passe toute son enfance. Le logement de ses parents est juste au-dessus. Son père qui a passé son CAP au Garac d’Argenteuil, a ensuite travaillé à l’agence Citroën Rusu avenue Henri Barbusse à Colombes où il s’est spécialisé dans la DS et l’hydraulique. De 1965 à 1970, il est revenu travailler avec son père qui lui a petit à petit « mis en mains » l’affaire familiale. Pour en revenir à François, il grandit au milieu du garage et de la mécanique. Naturellement, il suit les traces de son père et passe un bac professionnel en mécanique automobile au même Garac d’Argenteuil. Il entre alors au bureau d’études Citroën à Vélizy où il intègre le service des essais moteurs au bâtiment H.
En 1991, il est muté au service aérodynamique et climatisation. Il va alors régulièrement au bureau de style et au fameux centre d’essais de La Ferté-Vidame où il travaille dans les tunnels de poussière et les chambres froides. En février 1993, il rentre chez BMW à l’atelier en charge des voitures des salariés et du parc presse, et de la résolution des pannes que le réseau n’arrive pas à résoudre. Mais, en 1998, son père Daniel approche de l’âge de la retraite et lui propose à son tour de reprendre l’affaire familiale. Comme celle-ci et saine et tourne bien, il accepte naturellement. La chose est faite à la mi-1998. Cependant, en janvier 1999 Citroën met en place un plan de réorganisation de son réseau où les petites agences ne sont maintenues qui si elles peuvent se développer.
Située dans une impasse, l’agence Nogrette n’a pas le choix, soit elle perd son panneau, soit elle déménage. Pour François et son père le coup est dur… Mais le hasard fait bien les choses. Sa mère étant originaire de la Nièvre, ses parents y possèdent une maison de campagne où avec son épouse il va régulièrement les voir. C’est ainsi qu’un jour, en passant à Corbigny, il découvre la concession Citroën locale qui tombe en décrépitude. Il la rachète en août 2003 après un an de tractations. Mais, là aussi, il faut s’agrandir et se moderniser pour conserver le panneau.
François acquiert alors un terrain en bordure de la rocade de Corbigny, 23 avenue du 8 mai, et, en un an et demi, construit un garage entièrement neuf. L’inauguration a lieu en juin 2005. C’est grâce à son père qui connaissait le 2CV-MCC et appréciait nos pièces que François devient finalement Point Relais. Il n’était pas au départ un grand familier de la 2 CV, mais il l’a petit à petit découverte.
Il en est aujourd’hui devenu un collectionneur passionné, mais aussi un réparateur et un restaurateur apprécié des connaisseurs. Quelques très beaux spécimens voisinent dans sa collection avec la 5 HP Trèfle de 1926 de son grand-père, deux C 3 Pluriel, une ZX Volcane 1,9 litres de 1991, un C 15 et… une BMW M 3 Cabriolet 3 litres 186 ch de 1995 !
Trois questions à François Nogrette
Interview expresse :
● Qu’est-ce qui vous plaît avant tout dans la 2 CV et dans la Méhari?
– Comparé aux Panhard bicylindres que je connais bien, ces Citroën sont elles aussi des voitures d’ingénieurs mais elles sont pleines de simplicité. Tout est facile à démonter, la carrosserie, le moteur. L’accessibilité est d’une simplicité exemplaire, comme l’avait voulu Pierre Boulanger le P-DG de Citroën de l’époque. C’est là que l’on voit où se trouve le génie de la 2 CV. J’y suis confronté tous les jours, et je peux vous dire qu’en tant que professionnel de l’automobile, j’apprécie beaucoup ! Ce sont de réels avantages. C’est cela qui donne le vrai plaisir de travailler sur ces voitures encore aujourd’hui près de 80 ans après leur conception. Mais, avec, il y aussi de la technologie et de l’originalité. Le profilé Yoder utilisé pour les charnières des ouvrants donne au final une efficacité étonnante. Et du côté moteur, le bicylindre est une véritable merveille avec son embiellage assemblé à froid dans un bain d’azote liquide ou encore son dispositif de refroidissement des guides de soupapes d’échappement par circulation d’huile ! Il y a vraiment du génie partout dans ces voitures. En fait, si l’on y réfléchit bien, sur la 2 CV, aucune solution n’est conventionnelle. Et de ce point de vue c’est de vraiment de la grande Citroën.
● Quel est votre modèle préféré ?
– Dans ma vie j’en ai vu des belles voitures et des très belles mécaniques, ne serait-ce que lorsque j’ai travaillé chez BMW. D’ailleurs, c’est une marque à qui je garde une petite place spéciale dans ma collection. Aujourd’hui, j’ai dans mon garage plusieurs 2 CV dont une 2 CV 6 Charleston de 1990, un des dernières. Elle avait été accidentée alors qu’elle était quasi neuve et mon Père l’avait entièrement restaurée. Elle affiche actuellement seulement 14 600 km d’origine. J’ai aussi une 2 CV Dolly de 1985 de la deuxième série, de couleur Jaune Rialto et Rouge Delage, et une 2 CV 6 Club Bleu Pétrel de 1976. J’ai entièrement restauré ces deux 2 CV auxquelles je suis aussi très attaché. La 2 CV 6 Club a été vendue neuve et entretenue par mon père et nous l’avons rachetée en 2013 à son premier propriétaire. Maintenant, si aujourd’hui, je devais m’offrir un modèle de 2 CV que je n’ai pas et qui me fait le plus envie, mon choix se porterait sur une autre 2 CV Dolly, la Gris Cormoran et Jaune Rialto de la première série. Pour moi c’est vraiment la plus jolie des sept versions proposées par Citroën entre mars 1985 et mars 1986. Et puis, c’est aussi une 2 CV moderne qui, avec son freinage au LHM et ses disques à l’avant, est tout à fait à sa place dans le trafic actuel !
● Quel est votre meilleur souvenir de petite Citroën ?
Mon meilleur souvenir de petite Citroën, je l’ai vécu en famille, avec mon père, ma mère, mon épouse et nos deux fils lorsqu’en juillet 2019, nous sommes allés assister au grand rassemblement du Centenaire Citroën dans le parc du château de La Ferté-Vidame. Mes parents avaient pris la 2 CV 6 Charleston de 1990, mon épouse et moi étions avec la 2 CV Dolly et nos deux fils avaient pris une C 4 By Loeb. Sur place, nous avons retrouvé des amis collectionneurs de DS du club Révolution 55. C’était vraiment un moment formidable et inoubliable ! Il y avait des Citroën partout, de toutes les époques et y compris des 10 HP Type A de 1919. Des Citroën qui cette année-là passaient le cap des 100 ans d’existence… C’était vraiment très émouvant de les voir rouler. Ce sont les toutes premières voitures d’André Citroën ! Et puis tout le monde arborait à sa façon les deux chevrons. Il y avait partout des t-shirts, des casquettes, des autocollants et même des tatouages. C’est là que l’on réalise que Citroën est une marque unique. Elle l’a toujours été. Pour certains, c’est même presque une religion. Il n’y a quelle pour un créer un tel engouement, une telle passion chez toutes les générations…
Garage Nogrette Citroën Corbigny
23, avenue du 8 mai 1945
58 800 Corbigny
Tél. : 03 86 20 00 34
Mail : accueil@garagenogrette.fr
Site : www.garagecitroen-nogrette.com