LES PARE-CHOCS DE LA 2 CV, PREMIERE PARTIE 1949-1963
2CV-MCC | 24 mai 2022Au cours des 41 années de production de la 2 CV de 1949 à 1990, il est d’usage de considérer deux générations de pare-chocs que l’on désigne couramment « les petits pare-chocs » et « les gros pare-chocs ». Le passage de l’une à l’autre se fait au mois de février 1963 avec l’apparition du nouveau moteur de 425 cm3 délivrant 18 chevaux réels. Nous vous proposons ici de passer en revue la première génération.
En juillet 1949, lorsque la production de la 2 CV débute à l’usine du quai Michelet à Levallois, les voitures qui sorte des chaînes sont conformes dans leur présentation, à quelques petits détails près, aux trois voitures présentées quelque temps plus tôt au Salon de Paris au mois d’octobre 1948. Elles reçoivent ainsi à l’avant un pare-chocs constitué d’un élément horizontal principal en tôle emboutie désigné lame. En son centre, soudé verticalement par l’arrière, celui-ci comporte une platine destinée à recevoir la gâche de fermeture de capot et permettant de rigidifier l’ensemble. La lame reçoit deux butoirs, en tôle emboutie eux aussi, fixés chacun par deux vis. Entre ces butoirs, l’on trouve, fixée à avant par quatre vis et écrous, la plaque d’immatriculation. Sur l’arête horizontale de la lame, entre les deux extrémités de cette dernière et chacun des butoirs, est fixé un petit jonc enjoliveur en aluminium massif poli de 1,5 cm de large. Il n’existe qu’un seul modèle de ce jonc qui, symétrique, se monte indifféremment à droite et à gauche. Enfin, ce pare-chocs est lui-même fixé à l’avant de la plateforme par quatre vis prenant, dans la face intérieure des équerres de fixation d’ailes avant pour celles du haut et dans le longeron de plateforme pour celles du bas. Les pattes de fixation de ce pare-chocs avant sont alors entièrement lisses.
A l’arrière, le pare-chocs est constitué d’une lame emboutie en U de 4 cm d’épaisseur avec des extrémités courbes pour épouser la forme des ailes arrière. Entièrement lisse, le pare-chocs arrière comporte en son centre une plaque rivetée portant le nom de Citroën avec sa typographie stylisée officielle. Cette plaque est fixée aussi par ailleurs sur les pare-chocs arrière des Traction depuis novembre 1946. Là, il n’y a aucun jonc. La fixation par deux écrous est faite directement sur la carrosserie en bas de la face arrière. Deux pattes en tôle pliée avec filetage sont soudées à l’intérieur de la lame du pare-chocs.
Des pare-chocs assortis à la carrosserie
La couleur de ces pare-chocs montés sur les 2 CV A et les 2 CV AZ est alors assortie à celle de la carrosserie. Ils sont ainsi d’abord peints en Gris Métallisé AC 109 de juillet 1949 à septembre 1952, puis en Gris Uni Foncé AC 118 de septembre 1952 à juillet 1954 1 et enfin en Gris Clair AC 132 à partir de juillet 1954.
Pour les camionnettes, 2 CV AU et 2 CV AZU, le pare-chocs avant adopte strictement la même configuration que le pare-chocs avant des berlines 2 CV A et 2 CV AZ décrite ci-dessus. Quant à leur pare-chocs arrière, elles n’en reçoivent pas puisque les deux supports de poulain tubulaires en font office.
Une couleur et des joncs spécifiques
Au mois de novembre 1956, Citroën lance la 2 CV AZL, version luxe de la 2 CV AZ. Avec elle apparaît une nouvelle couleur d’harmonie pour les accessoires désignée Gris Acier AC 121. Elle est plus claire que le Gris Clair AC 132 de la carrosserie qui est conservé. Cette teinte est appliquée à l’intérieur aux armatures de banquette, au volant et à son tube fixe, mais aussi à l’extérieur aux roues et aux pare-chocs. Cependant, attention, les 2 CV A, les 2 CV AZ et les 2 CV AZU conservent leurs pare-chocs assortis à la couleur de la carrosserie, soit Gris Clair AC 132. Mais les modifications des pare-chocs avant et arrière de la 2 CV AZL ne s’arrêtent pas qu’à leur nouvelle couleur. En effet, cette 2 CV dont la finition est plus luxueuse comprend aussi des joncs de pare-chocs spécifiques qui sont du même type que ceux que l’on trouve aussi sur ses bas de caisse et sur la nervure centrale de son capot. Larges de presque 2,5 cm, ceux-ci sont creux et donc particulièrement sensibles aux chocs… Comme les joncs montés sur le pare-chocs avant depuis 1949, ces nouveaux joncs, avant et arrière, sont parfaitement symétriques, droits et gauches.
Lorsque la nouvelle 2 CV AZLP sort à son tour au mois de septembre 1957, elle est la première 2 CV équipée en série d’une porte de malle. Réalisée sur la base de la 2 CV AZL, elle en reprend la finition et, à ce titre les mêmes joncs de pare-chocs spécifiques. Cependant, ces joncs en aluminium, creux et donc fragiles, souffrent tout particulièrement dans la circulation urbaine lors des manœuvres de stationnement. Ils sont pour cela remplacés dès le mois de mai 1958 par de nouveaux joncs, symétriques eux aussi, plus résistants aux petits chocs de contact. Ils se composent d’une partie en aluminium formant platine dans laquelle est insérée une âme de caoutchouc gris clair de profil bombé constituant l’élément de protection proprement dit.
Les autres 2 CV, soit la 2 CV A, la 2 CV AZ et la 2 CV AZU conservent pour leur part les petits joncs de pare-chocs avant en aluminium plein et, pour la 2 CV A et la 2 CV AZ, un pare-chocs arrière nu recevant uniquement la petite plaque Citroën.
Du Gris Acier au Gris Rosé
Au mois de septembre 1959, une nouvelle couleur de carrosserie vient s’ajouter au Gris Clair AC 132. Désignée Bleu Glacier AC 606, celle-ci s’accorde plutôt bien elle aussi au Gris Acier AC 121, légèrement bleuté, appliqué aux pare-chocs, mais aussi aux roues, aux armatures de banquettes ainsi qu’à divers accessoires intérieurs. Moins d’un an plus tard, en juillet 1960, les pattes de fixation du pare-chocs avant qui étaient jusqu’à présent entièrement lisses reçoivent maintenant une nervure emboutie horizontale afin d’en augmenter la rigidité.
A partir du mois de septembre 1960, Citroën enrichit le nuancier de la 2 CV et adopte une troisième teinte de carrosserie pour les 2 CV Berline avec l’apparition du Vert Embrun AC 511. Cependant, le Gris Acier AC 121, avec sa nuance légèrement bleutée s’accorde plutôt assez mal avec ce vert. Citroën le remplace alors par le fameux Gris Rosé AC 136 plus « passe-partout » et qui se marie tout aussi bien avec la nouvelle teinte qu’avec le Bleu Glacier AC 606 et le Gris Clair AC 132 2.
Le pare-chocs avant à butoirs écartés
Trois mois plus tard, en décembre 1960, lorsque les 2 CV Berlines adoptent le nouveau capot à cinq nervures, le pare-chocs avant est modifié. En effet, jusqu’alors, les butoirs qui encadrent la plaque d’immatriculation étaient positionnés contre cette dernière. Mais, comme la plaque d’immatriculation avant se trouve désormais plus en arrière, sur le capot et sous la calandre, les butoirs sont déplacés et leur écart est ainsi augmenté de quatre centimètres pour faciliter la lisibilité de l’immatriculation avant. Aussi, si les joncs latéraux ne changent pas de présentation, ils sont raccourcis en conséquence et leur longueur passe de 34,5 cm à 32,5 cm. Enfin, en lieu et place de la plaque d’immatriculation l’on trouve maintenant un jonc central identique aux joncs latéraux et dont la longueur est de 46 cm. Ici, la gâche de capot fixée au pare-chocs est supprimée 3. Elle est remplacée par un dispositif de verrouillage articulé fixé sur la face avant de la traverse support moteur de la plateforme. Le pare-chocs arrière reste, lui, sans modifications jusqu’à sa disparition au mois de février 1963.
Sur la 2 CV AZU, le capot à petites nervures est monté pour quelques mois encore. Cependant, elle adopte elle aussi le nouveau pare-chocs à butoirs écartés, mais il est toujours équipé de la plaque d’immatriculation. Il existe désormais entre cette dernière et chaque butoir un écart de l’ordre de deux centimètres. Les petits joncs en aluminium plein sont, sans modification, toujours montés eux aussi. Ceux-ci sont conservés jusqu’à ce que la 2 CV AZU adopte à son tour le nouveau capot à cinq nervures au mois de juillet 1961. Ils sont alors remplacés par les trois joncs en aluminium et caoutchouc qui équipent les 2 CV Berline depuis le mois de décembre 1960. Simultanément, la 2 CV AZU voit à son tour son nuancier évoluer avec l’apparition du Bleu Névé AC 609 en juillet 1961, du Vert Cactée AC 513 en août 1961 puis du Jaune Pastis AC 310 en septembre 1961. Malgré ces nouvelles teintes, la 2 CV AZU conserve le principe du pare-chocs peint de la même couleur que la carrosserie mis en place en 1949. L’on trouve donc maintenant des pare-chocs Bleu Névé AC 609, Vert Cactée AC 513 et Jaune Pastis AC 310.
Des pièces très souvent remplacées…
Véritables pièces d’usure du fait de leur fragilité, il est rare que les pare-chocs des 2 CV n’aient pas été remplacés au moins une fois au cours de leur existence. Il est ainsi peu courant de trouver aujourd’hui des 2 CV antérieures au mois de février 1963 qui ont des pare-chocs de la bonne teinte, surtout lorsque celle-ci doit être celle de la carrosserie. Pour ces pare-chocs que le service des pièces détachées de Citroën leur fournissait en apprêt, il était en effet plus simple pour les garagistes et les carrossiers de n’utiliser qu’une seule couleur, le Gris Acier AC 121 puis le Gris Rosé AC 136, surtout lorsqu’elle était utilisée pour de nombreux autres accessoires de la voiture. Repeindre un pare-chocs de la même teinte que la carrosserie, c’était aussi prendre le risque de ne pas reproduire exactement la nuance d’origine, à moins d’y passer du temps à faire des essais…
1. | A ne pas confondre avec le Gris Etna AC 118 qui apparaîtra au mois de septembre 1965 et qui comporte le même code couleur. |
2. | Il en sera de même avec les teintes à venir telles que le Jaune Panama en décembre 1960, le Rouge Pavot AC 410 en septembre 1961, puis le Beige Antillais AC 309 et le Bleu Monte-Carlo AC 605 en septembre 1962. C’est d’ailleurs à cette même date que, de simple couleur d’harmonie d’accessoire, le Gris Rosé AC 136 devient aussi une teinte du nuancier… L’on voit alors à nouveau sortir des 2 CV où les roues, les pare-chocs et les accessoires intérieurs sont assortis à la carrosserie. |
3. | Mais pas la platine de fixation qui assure aussi une certaine rigidité à la lame du pare-chocs. |