Le ventilateur de refroidissement
2CV-MCC | 18 novembre 2022Lorsque l’on décrit un moteur de 2 CV, l’on parle généralement d’un « moteur bicylindre à refroidissement par air », mais cette seule description n’est pas vraiment complète et donc partiellement fausse. Cependant, le seul générateur actif de ce refroidissement est bel et bien ce fameux ventilateur que l’on trouve à l’avant du moteur et dont le débit est directement proportionnel à celui du régime moteur.
En effet, si l’unique organe actif de refroidissement de ce moteur est le ventilateur positionné en bout de vilebrequin, son rôle est de forcer la circulation de l’air frais autour des cylindres et des culasses, mais aussi de dissiper les calories véhiculées par l’huile assurant la lubrification du moteur via le réfrigérateur d’huile. Donc, vous l’aurez compris, le refroidissement du moteur des petites Citroën est un refroidissement par air forcé, mais est aussi mixte puisqu’il fait aussi appel à la circulation d’huile pour, entre autres, faire baisser la température de fonctionnement des guides de soupape d’échappement au niveau des culasses. En fait, le simple « refroidissement par air » désigne par exemple les moteurs de vélomoteurs et de motocyclettes qui sont dénués de tout dispositif actif et de tout radiateur additionnel.
Les moteurs de 375 et de 425 cm3, 1949-1972
Lorsque la 2 CV est présentée au Salon de Paris le 7 octobre 1948, le petit dépliant descriptif qui est alors distribué à des milliers d’exemplaires en dit beaucoup sans en dire trop. Il ne faut pas révéler tous les détails de la nouvelle petite Citroën tant qu’elle n’est pas commercialisée… Il reste ainsi très évasif à propos du refroidissement de son moteur de 375 cm3 qui est laconiquement qualifié « à refroidissement par air » afin de souligner que cette solution offre une tranquillité et une fiabilité absolue en comparaison avec le refroidissement par eau avec radiateur qui implique le montage du fameux joint de culasse et le risque de gel en hiver !
L’on sait peu de chose sur la mise au point du refroidissement du moteur de la 2 CV. Il est l’œuvre du fameux motoriste Walter Becchia qui, Avant-guerre, avait créé les moteurs des Talbot y compris celles de Grand Prix. Il existe un plan signé par lui montrant un moteur de 2 CV à refroidissement par air daté du 11 novembre 1942. C’est la plus vieille trace connue d’un moteur de ce type. Celui-ci est déjà doté d’un ventilateur, à douze pales, et d’un dispositif réfrigérateur d’huile circulaire, dont les tubes suivent la course des pales, mais non encore relié aux culasses…
Lors que la première 2 CV est produite en juillet 1949, le ventilateur est entièrement en tôle embouti, peint en noir et fixé avec une vis de serrage centrale à l’extrémité avant du vilebrequin par emmanchement conique et prenant l’induit de dynamo en sandwich. Ici l’embiellage constitue la partie femelle et le ventilateur la partie mâle. Très vite, Citroën cherche à améliorer ce dispositif avec deux buts concomitants, optimiser le refroidissement et faire en sorte que l’animation du ventilateur absorbe le moins de puissance possible. Ainsi, dès le mois de juin 1951, l’entrée du collecteur de refroidissement reçoit sur son pourtour un bord rabattu de neuf millimètres de large permettant d’obtenir un effet turbine et d’augmenter le flux d’air destiné au refroidissement. Deux ans plus tard exactement, ce bord rabattu passe à 29 mm et le ventilateur perd la moitié de ses pales pour n’en conserver plus que quatre. La puissance absorbée par le ventilateur est théoriquement divisée par deux sans pour autant réduire la performance du refroidissement, ce qui n’est pas négligeable lorsque l’on sait que le moteur de 375 cm3 ne délivre alors que neuf chevaux réels. Les 2 CV A et les 2 CV AU conservent cette configuration qui donne toute satisfaction. La Commercialisation de la 2 CV AU prend fin en janvier 1955 et celle de la 2 CV A en octobre 1959.
En ce qui concerne la 2 CV AZ et la 2 CV AZU qui sont lancées trois mois plus tard en septembre 1954, leur moteur de 425 cm3 conserve le bord rabattu mais le ventilateur, toujours en tôle, possède ici six pales et non plus quatre. Il est monté sur les 2 CV Berlines à moteur de 425 cm3 jusqu’à la fin de leur commercialisation en février 1970 tandis que la 2 CV AZU, elle ne le conserve que jusqu’au mois de septembre 1967. En effet, à cette date, elle reçoit le moteur de 425 cm3 poussé à 21 ch, au lieu de 18, qui équipe la toute nouvelle Dyane qui vient de sortir. De fait, la 2 CV AZU reçoit un ventilateur à huit pales en nylon légèrement translucide de couleur blanc cassé. Celui-ci est fixé par quatre vis sur une poulie avec flasque support qui est elle-même vissée, toujours par emmanchement conique, sur l’extrémité avant du vilebrequin.
Les moteurs de 602 et de 435 cm3, 1963-1990
La première 2 CV à être équipée d’un ventilateur en nylon est la 2 CV AK 350 lancée au mois d’avril 1963. Cette nouvelle 2 CV Camionnette qui vient désormais épauler la 2 CV AZU par le haut, offre une charge et un volume utiles augmentés. Reprenant le châssis et la base mécanique de l’Ami 6 lancée exactement deux ans plus tôt, elle en reçoit donc le moteur de 602 cm3 de 3 CV et son ventilateur en nylon. Teinté en blanc avec un aspect légèrement translucide dans ses parties les plus fines, celui-ci possède alors huit pales. Il est fixé par quatre vis sur la poulie de ventilateur qui assure aussi l’entraînement par courroie de la dynamo. Cette poulie est elle-même fixée par emmanchement conique sur l’extrémité avant du vilebrequin. La poulie constituant la partie femelle de l’assemblage. Cette poulie évolue une première fois en septembre 1963 lorsqu’elle perd ses bossages sur la flasque-support de ventilateur puis une seconde fois en février 1966.
A partir du mois de mai 1968 apparaît sur l’Ami 6 le moteur de 602 cm3 de nouvelle génération qui délivre alors 35 ch, et qui fera deux plus tard les beaux jours de la 2 CV 6. La 2 CV AK 350, en reçoit une version légèrement dégonflée délivrant 32,8 ch et devient alors la 2 CV AKB 350. Sur ce moteur, le dispositif de refroidissement possède une hélice d’un nouveau modèle mais qui compte toujours huit pales et qui est toujours en plastique blanc. Ce sont ce même moteur de 602 cm3 et ce même ventilateur à huit pales que la 2 CV 6 et la 2 CV AKS 400, qui remplace la 2 CV AKB 350, reçoivent lors de leurs sorties respectives en février 1970 et juillet 1970. A partir de mois de septembre 1970 sont montés un nouveau ventilateur et une nouvelle poulie. Toujours en plastique blanc, le nouveau ventilateur possède désormais neuf pales au lieu de huit et avec un espacement plus grand entre chaque groupe de trois pales. Ce ventilateur connaît une première évolution au mois de mars 1973 avec, une nouvelle fois, le montage d’une nouvelle poulie. Dans le courant du premier semestre 1982, le ventilateur, sans changer ni de forme ni de référence, change de couleur et est désormais moulé en plastique noir. Cette modification à au moins l’avantage esthétique de rendre le ventilateur totalement invisible à travers la calandre. Enfin, à partir de juillet 1989, les 2 CV 6 adoptent une configuration d’insonorisation du moteur identique à celle apparue en Suisse en septembre 1982. Ici, la poulie de ventilateur est modifiée puisque le ventilateur lui-même est fixé sur un moyeu qui est relié à la poulie en elle-même par un bloc amortisseur en caoutchouc. La courroie utilisée désormais est celle que l’on trouvait sur le moteur de 652 cm3 des Visa et LN. Ce montage perdure sans modification jusqu’à la fin de la production au mois de juillet 1990.
En ce qui concerne la 2 CV 4, sortie en même temps que la 2 CV 6 au mois de février 1970, et la 2 CV AZU 250, sortie au mois de janvier 1972, elles reçoivent pour leur part le moteur de 435 cm3 apparu sur la Dyane 4 sortie au mois de mars 1968. Comme le moteur de 602 cm3 d’alors, il est équipé d’une hélice en nylon blanc légèrement translucide mais qui lui est spécifique. D’un diamètre plus réduit, il est lui aussi doté de huit pales mais bien plus courtes. Il est monté sur une poulie porte-ventilateur spécifique et qui, là aussi, assure l’entraînement de l’alternateur. Ce montage restera inchangé jusqu’à la fin de la carrière de la dernière 2 CV à moteur de 435 cm3, la 2 CV Spécial, dont la commercialisation cesse au mois de juillet 1979.