Garage Faure Auto a ALLEX, une passion pour la mEcanique placEe sous le signe des deux chevrons
2CV-MCC | 14 décembre 2022Dans la famille Faure, la réparation automobile était loin d’être une tradition familiale. Le père d’Hugues Faure était cheminot. Et, bien qu’il roulait au quotidien en Ami 6 Berline qui lui donnait toute satisfaction, il n’avait pas d’attrait particulier pour la marque aux deux chevrons, ni aucune passion pour la mécanique.
En fait, Hugues Faure vient à la mécanique à l’âge où l’on commence à avoir des vélomoteurs et où l’on en fait l’entretien et les interventions mécaniques soi-même. C’est ainsi que, de fil en aiguille, il obtient un CAP de mécanique au Collège d’Enseignement technique de Saint-Vallier dans la Drôme. Ensuite, il décide d’aller à Lyon se perfectionner dans le domaine des pompes à injection de moteurs Diesel. Là, il obtient en 1968 un CAP de mécanicien poids lourds. Au début des Années soixante-dix, il se retrouve sur le marché du travail. Pour son premier emploi, il entre au garage Renault local, à Saulce, où pendant toute la saison estivale il intervient sur toutes sortes de voitures. Pour la première fois il travaille sur une 2 CV… L’expérience est à tout jamais ancrée dans sa mémoire. Le patron ressoudait un plancher et lui avait dit, en cas de départ de feu, de l’éteindre toute de suite avec un seau d’eau prévu à cet effet. Aux premières flammes Hugues a pris le premier seau qui s’est présenté, mais celui-ci était rempli d’essence ! Dans l’affolement, il ne s’en était pas rendu compte. La voiture s’est mise à flamber et lui avec car il s’était aussi aspergé. Mais, heureusement, une fois l’effet de surprise passé, tout a été éteint en quelques secondes. Il n’y a eu ni blessé ni dégâts, juste une grosse frayeur…
A la fin de l’été, il entre chez Peugeot à Valence, mais il y est considéré comme un jeune en cours de formation alors qu’il est déjà diplômé. Et comme le salaire n’était du tout pas en rapport avec son niveau de qualification, il rejoint alors la fameuse concession Citroën Minodier. Là, en cette première moitié des Années soixante-dix, c’est la grande époque des 2 CV 4 et 2 CV 6, des Dyane 4 et Dyane 6, de l’Ami 8 et Ami Super, de la GS, de la SM, de la CX, de la 2 CV AZU 250 et 2 CV AKS 400 ou encore du Type H. Et il y a encore beaucoup d’Ami 6 et de DS malgré la sortie de leurs remplaçantes respectives. Il travaille aussi régulièrement sur des M 35 et des GS Birotor équipées des fameux moteurs à piston rotatif. Hugues reste onze ans dans cette concession Citroën. Devenu réceptionnaire d’atelier, il souhaitait faire une formation pour se familiariser avec la CX sortie depuis quelques années afin de pouvoir en parler en connaissance de cause avec leurs propriétaires. Cette formation, pourtant promise, ne venant pas après plusieurs mois d’attente, il décide de donner sa démission au mois de novembre 1980 et de finalement s’installer à son compte à Allex. Là, il trouve un garage Renault à reprendre. Après deux ans d’exploitation en gérance, il le rachète et prend le panneau Citroën. Son équipe se compose alors d’un apprenti et d’un pré-apprenti. Datant des Années soixante, le garage est ancien, presque vétuste, et offre un confort de travail très rudimentaire. Sa situation dans le bourg, avec les nuisances que cela implique pour le voisinage, le condamne à terme. Aussi, étant devenu trop petit et ne permettant pas le développement de l’activité, en 2011, Hugues achète dans la zone artisanale située à l’ouest d’Allex les locaux d’une usine de sous-traitance de microprocesseurs construite au cours des Années quatre-vingt-dix. Aujourd’hui, son garage occupe une surface totale de 1 800 m2 dont 400 couverts. Il est devenu Point Relais 2CV-MCC en 2010, peu de temps avant son déménagement. Il connaissait bien nos produits et était déjà un client très régulier bien que l’activité des petites Citroën ait toujours été pour lui saisonnière. Entretenant de très bonnes relations avec le 2 CV Club du Dauphiné-Vivarais de Beaumont-Les-Valence, ses membres viennent régulièrement le voir pour les grosses réparations et les opérations mécaniques qu’ils ne peuvent ou ne savent pas faire eux-mêmes.
Le garage Faure dispose actuellement de cinq postes mécaniques, avec quatre ponts (un quatre colonnes, un deux colonnes, un pont ciseaux, un petit Unic mobile), et trois postes carrosserie plus une cabine de peinture. L’équipe est composée de Nicolas Martin, mécanicien, d’Alessandro Chasson, apprenti mécanicien, de David Faure, le fils d’Hugues qui est en charge de la carrosserie la tôlerie et la peinture et titulaire d’un bac professionnel obtenu à Orange, et d’Emma Dieunon apprentie en carrosserie. C’est Hugues qui a lui-même formé son fils à la carrosserie et à la peinture. Bien qu’à la retraite depuis quelque temps, Hugues est aujourd’hui toujours en activité aux côtés de son fils à qui il a transmis la gérance du garage. Il ne devrait se charger désormais que de ce qui lui fait plaisir, mais il reste impliqué à 300 pour 100 dans le garage avec la gestion, l’accueil, etc. Il n’a pas le temps de se consacrer aux automobiles de collection comme il le voudrait. Cependant, il a décidé qu’à partir de janvier 2023, il n’officierait plus que dans l’atelier et laisserait de plus en plus de responsabilités à son fils. Le temps est désormais venu pour lui de pleinement profiter de sa passion !
Trois questions à Hugues Faure
Interview expresse :
● Qu’est-ce qui vous plaît avant tout dans la 2 CV et dans la Méhari ?
– « En tant que mécanicien, la première chose que j’apprécie avant tout, c’est la facilité et simplicité de réparation de ces voitures, surtout en ce qui concerne la 2 CV. Avec elle, tout est accessible et se démonte rapidement. Une fois le capot et les deux ailes déposés, on est tout de suite à pied d’œuvre. Les personnes qui l’ont conçue ont fait preuve d’une intelligence hors du commun. Aucune voiture n’offre une telle accessibilité ! Et puis elle a cette fameuse suspension. On n’a jamais rien vu d’équivalent. Rien de tel n’existe à côté. Renault a bien essayé de faire quelque chose avec sa R 4, mais cela n’a rien à voir. En matière de liaisons au sol, cette voiture s’inspire en fait de la Traction et de ses suspensions à barres de torsion. Une voiture sortie presque trente ans plus tôt ! Et il en va de même pour la R 16. D’ailleurs, je l’ai vu de mes propres yeux quand je travaillais chez Renault. Sur les premières R 16, au niveau de l’essieu arrière, il y avait dans la carrosserie des logements pour deux sphères de suspension. Elle avait été prévue pour recevoir un essieu arrière avec une suspension hydropneumatique qui n’est jamais sortie. »
● Quel est votre modèle préféré ?
– « Dans les bicylindres, ce n’est certainement pas l’Ami 8 que je n’aime pas trop. J’aime bien la Méhari mais, aujourd’hui, j’aimerais bien avoir une Ami 6 Berline. J’aime beaucoup cette voiture que j’ai bien connue pendant mon enfance. Elle est elle aussi une authentique Citroën car elle est vraiment atypique par sa ligne et son design. Tout le dessin de son intérieur est très inspiré. Les poignées, le volant, la sellerie et le tableau de bord ont fait l’objet de recherches stylistiques. C’est évident. On est vraiment à l’opposé de la 2 CV où l’esthétique a été totalement mise de côté. Seuls comptaient, le prix de revient, l’aspect pratique, la fiabilité et le poids. A l’époque, l’Ami 6 est une petite berline à la portée des gens modestes mais, contrairement à ses concurrentes d’alors, elle offre un confort et un raffinement haut de gamme. A ce niveau, il y a vraiment eu de la recherche dans cette voiture. Personnellement, ma préférence va aux tout premiers modèles, ceux équipés de la première version du moteur de 602 cm3. Avec le moteur de 35 ch qui apparaît en mai 1968, les choses se compliquent, je trouve que l’Ami 6 perd en fait beaucoup de la simplicité de ses débuts. »
● Quel est votre meilleur souvenir de petite Citroën ?
– « Au début, lorsque je travaillais chez Minodier, je nettoyais le moteur d’une 2 CV Camionnette. Nous faisions cela avec un produit très inflammable que l’on pulvérisait et l’on mettait des protections en plastique sur les tambours de frein. Bien sûr, il fallait débrancher la batterie, mais, pour gagner du temps, je ne l’avais pas fait. Et, bien sûr, j’ai fait un court circuit… Tout s’est enflammé y compris les protections en plastique ! Je suis sorti de l’atelier en criant au feu ! Ce jour-là, il avait avec un monsieur qui venait récupérer nos huiles de vidange. Il a sorti de son camion un gros extincteur et a tout éteint en quelques secondes. Il riait alors que moi j’avais eu peur pour la voiture et je craignais pour ma place… Je lui ai demandé de ne rien dire à mon chef, mais il a été mis au courant alors que je tremblais encore sous le coup de l’émotion. Pour ne rien vous cacher, cette mésaventure le faisait alors beaucoup rire. Au-delà de cet incident, mon sauveur du jour qui s’appelait Edward Renaud, est dès lors devenu un de mes meilleurs amis. Propriétaire de la fameuse entreprise de déconstruction automobile GPA installée à Livron en bord de Nationale 7, juste à côté d’Allex, nous ne nous sommes plus quittés. Aujourd’hui, je suis toujours très ami avec sa famille. C’est une des plus belles rencontres de ma vie ! »
Garage Faure Auto
ZA Allée Charponnet
Route de Livron
26 400 ALLEX
Tél. : 04 75 62 62 39
Mail : sarlfaureauto@orange.fr