Le Garage Montagne, ou la passion de la Petite Citroën en famille au cœur du Périgord
2CV-MCC | 14 septembre 2020Fils d’ouvrier, Jean Montagne commence sa formation de mécanicien à 14 ans et demi au Garage Bossaly à Champagnac-de-Belair en Dordogne. Nous sommes au début des Années soixante et, pendant trois ans, il va ainsi découvrir et apprendre la mécanique sous toutes ses formes avec l’automobile, bien sûr, mais aussi la motoculture, l’agricole et le poids lourd !
Une fois son apprentissage fini, il entre à en 1966 à l’agence Citroën de Brantôme où il reste deux ans. Il part ensuite faire son service militaire comme mécanicien au 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes de Pau. Une fois rendu à la vie civile, il retourne à Brantôme pour rejoindre cette fois-ci la concession Renault où il reste environ huit ans. Jean y est mécanicien mais aussi chauffeur scolaire car son employeur possède en parallèle une structure de transport en commun… Il entre ensuite à la concession Mercedes poids lourds de Périgueux qu’il quitte en 1979 pour finalement s’installer à son compte. Il retourne ainsi à Champagnac-de-Belair où il reprend l’affaire de Jean Bossaly, son premier employeur.
Il commence son activité tout seul avec son épouse Christiane qui assure le secrétariat. Au bout de trois ans, s’étant fait une réputation et une clientèle solides, il décide de monter un garage entièrement à lui et fait construire un bâtiment sur un terrain qu’il a acheté à cet effet. Il embauche des mécaniciens puis, deux de ses fils, Olivier et Denis, qui suivent ses traces dans la mécanique automobile, le rejoignent en tant qu’apprentis. Tous deux sont toujours aujourd’hui à ses côtés.
Le Garage Montagne commence à travailler avec le 2CV-MCC au cours des Années quatre-vingt-dix. Jean Montagne découvre alors l’entreprise de Cassis via une publicité et passe commande de ses premières pièces. Beaucoup de Méhari sont encore en circulation dans la région. Très vite, il se constitue une clientèle très spécifique, et la collaboration avec le 2 CV-MCC prend de l’importance. De fil en aiguille, le Garage Montagne devient ainsi Point Relais il y a une vingtaine d’années. Aujourd’hui, celui-ci travaille sur tous les types de 2 CV berlines et camionnettes, mais aussi sur tous les Modèles Dérivés, Ami 6, Dyane, Méhari, Ami 8, Ami Super et Acadiane. Il réalise des restaurations complètes ainsi que de l’entretien et de la réparation. Rien que pour les Méhari, en fonction des années, il effectue entre quatre et six restaurations par an. Et cela sans compter les réparations et les restaurations partielles. Ses clients sont uniquement des particuliers. Grâce à son stock de pièces neuves alimenté en permanence, il dépanne régulièrement les autres garages des environs avec qui il entretient d’excellentes relations, et fournit par ailleurs les propriétaires de petites Citroën. Aussi, pour ceux qui le lui demandent, il effectue bien sûr dans ses ateliers le montage des pièces neuves qu’il vend.
En terme d’équipement, l’on trouve au Garage Montagne une cabine de peinture, un pont à quatre colonnes, pont un à deux colonnes et une fosse. Disposant à l’origine d’une surface au sol totale de 250 m2, celui-ci a été agrandi en 2016 pour atteindre quelque 400 m2.
Jean Montagne compte bien un jour laisser l’entreprise à ses deux fils s’ils le souhaitent. Comme lui, ils ont tous deux une véritable passion pour leur profession et pour l’automobile. Et puis il y a son petit-fils, Kévin, qui est bien parti lui aussi pour suivre ses traces. Agé de 22 ans, même si, aujourd’hui, il ne travaille pas dans l’entreprise familiale, il est animé par la même passion. Il s’est d’ailleurs déjà remonté une 2 CV et une Dyane. Il est des signes qui ne trompent pas !
Trois questions à Jean Montagne
Interview expresse
– Depuis combien de temps êtes-vous dans la 2 CV ?
– « J’ai eu une 2 CV en 1966, c’était ma toute première. J’en avais fait une avec deux accidentées. C’était de véritables épaves. Je les avais rachetées à mon employeur. Je me suis ainsi reconstruit une 2 CV AZLP Bleu Glacier de 1960 qui avait encore le fameux vieux capot avec les petites nervures. Je l’ai gardée assez longtemps, puis je l’ai revendue quand je suis entré chez Renault. Je m’étais alors acheté une R 6. Mais comme elle me manquait, je m’en suis racheté une autre du même modèle, de la même année et du la même couleur ! Je me suis même marié dans cette 2 CV ! Nous l’utilisions au quotidien et pour faire des petits voyages lorsque nous partions en vacances. A l’époque, nous allions par exemple tous les ans passer quelques jours au bord de la mer à Royan en Charente-Maritime. J’ai ensuite eu d’autres 2 CV que je refaisais à neuf. J’ai toujours aimé travailler sur les petites Citroën. Mais ces 2 CV que je rénovais devaient être assez belles car elles plaisaient apparemment beaucoup. Régulièrement, des clients insistaient pour me les racheter au prix fort. A l’époque, comme aujourd’hui d’ailleurs, les affaires étant les affaires, on ne refusait pas, ou pas longtemps, de vendre une voiture… »
– Quel est votre modèle préféré ?
– « En fait cette question est plutôt difficile pour moi si vous voulez une réponse précise. J’aime toutes les 2 CV ! Je n’ai pas de modèle préféré tant en ce qui concerne les 2 CV qu’en ce qui concerne les modèles dérivés. Pas de préférence particulière, même si j’aime beaucoup les anciennes. C’est vrai qu’elles apportent toujours de la nostalgie. Prendre le volant d’une vieille 2 CV, outre le fait d’avoir en main une voiture très vivante, cela donne toujours un peu la sensation de voyager dans le temps. On retrouve des bruits, des odeurs que l’on a connus autrefois. Quand je suis dans une 2 CV, je suis ailleurs ! Les 2 CV avec les portes suicide et le petit compteur sont idéales pour faire des petits trajets, pour se promener dans la campagne ou aller faire ses courses dans les villages des alentours. En fait, je dirais surtout qu’en tant qu’amoureux de la mécanique, j’aime d’abord les 2 CV qui tournent bien, celles qui sont fiables et sur lesquelles on peut compter. Maintenant dans l’absolu, si je fais abstraction de l’aspect financier et de la rareté, j’avoue qu’une 2 CV 4 x 4 Sahara ou une des toutes premières 2 CV A, avec le petit moteur de 375 cm3 et l’ovale sur le capot, sont finalement des modèles qui me plairaient assez. »
– Quel est votre meilleur souvenir en petite Citroën ?
– « Mon meilleur souvenir remonte à cette fameuse finale de la Coupe du Monde de football remportée par la France le 12 juillet 1998. A l’époque, j’avais une Dyane 6 à vendre qui était de couleur Cuivre Indien. Le match au Stade de France, face au Brésil, avait lieu le dimanche en soirée. Le vendredi soir, je suis avec des amis en train de prendre un verre, et chacun fait des pronostics. Moi j’annonce que la France gagnera contre le Brésil trois à un et, emporté par la passion, j’annonce aussi que je repeindrai ma Dyane 6 en bleu-blanc-rouge et que je la finirai avant la fin du match ! J’avais juste 48 heures, et il était hors de question de me dégonfler. En deux jours, j’ai travaillé dessus comme un acharné. Je ne me suis même pas arrêté pour manger. Les nuits ont été particulièrement courtes. A la fin, mon épouse Christiane, qui m’apportait des sandwiches, est quand même venue m’aider pour le nettoyage. Lorsque je suis arrivé chez mon beau-frère au volant de la Dyane 6, la France venait de marquer son deuxième but. Même si je n’ai pas gagné mon pari sur le score, j’ai quand même réussi à repeindre ma petite Citroën en moins de 48 heures ! Après avoir bu le Champagne, nous sommes ensuite allés avec elle à Brantôme pour fêter la victoire. L’ambiance était unique et je peux vous dire qu’elle a eu beaucoup de succès ce soir-là ! J’ai toujours cette Dyane 6. Elle est sur cales en attente de restauration. Un jour je la ressortirai… »
GARAGE MONTAGNE
avenue de Brantôme
24 530 Champagnac-de-Belair
Tél. : 05 53 54 80 25
Mail : montagne.christiane@sfr.fr