La 2 CV, 75 ans de jeunesse !
2CV-MCC | 25 octobre 2023Le 7 octobre dernier cela a fait 75 ans que la 2 Cv a été dévoilée en public à Paris au Grand palais lors du Salon de l’Auto. Depuis l’enfant terrible de l’automobile française n’a cessé, de la campagne à la ville, de sillonner routes et chemins à travers le monde et d’apporter tant de joies à ses propriétaires passionnés.
On le sait maintenant, la volonté de créer une toute petite voiture populaire existait déjà avant qu’André Citroën ne cède son entreprise à Michelin au début de l’année 1935. Sa volonté, était alors de « refaire le coup de la 5 CV » lancée en 1921. Mais il faut en fait attendre l’année 1936 pour que le projet TPV soit en effet confié au bureau d’études. Il s’agit alors d’une petite berline à quatre places, à roues avant motrices, à carrosserie monocoque en aluminium et à moteur bicylindre. Ce n’est qu’avec le décès de Pierre Michelin, alors président-administrateur délégué du Quai de Javel, le 30 décembre 1937 et son remplacement par Pierre Boulanger, jusqu’alors vice-président, que le projet prend réellement sa dimension de voiture polyvalente et tout chemin. La voiture qui n’a alors qu’un phare et une carrosserie essentiellement en aluminium doit être présentée au Salon de L’Auto de Paris en octobre 1939. Le modèle est ainsi homologué le 28 août de la même année sous la désignation 2 CV A et la production d’une première série de 250 exemplaires est lancée. Mais la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne le 3 septembre suivant vient tout remettre en cause. Malgré tout, cent exemplaires sont mis en circulation avant le 23 septembre 1940. Après la défaite, l’Occupation et ses restrictions au profit de l’Allemagne se mettent en place et il n’est plus question de 2 CV… Mais, convaincu que la paix reviendra un jour et qu’il faudra alors des automobiles à faible coût d’achat et d’entretien, Pierre Boulanger relance en cachette les études du projet TPV au début de l’année 1942. La voiture évolue. Elle abandonne l’aluminium et les alliages sophistiqués pour l’acier, et son moteur, sans que sa cylindrée de 375 cm3 ne soit augmentée, échange son refroidissement par eau contre un refroidissement par air et gagne au passage un cheval réel. Un second phare apparaît aussi ainsi qu’un démarreur électrique. Dévoilée par Pierre Boulanger en personne en présence du président de la République VIncent Auriol au Salon de Paris le 7 octobre 1948, elle ne débute sa carrière industrielle et commerciale que l’année suivante. Homologuée le 24 juin 1949, sa production, débute effectivement à l’usine de Levallois le 11 juillet 1949.
Dès lors, le formidable succès de la Petite Citroën s’impose de façon inexorable. Le premier modèle, la 2 CV A, est rapidement épaulé par une version camionnette, la 2 CV AU présentée au Salon 1950 et commercialisée en avril 1951. En septembre 1954 apparaissent la 2 CV AZ et la 2 CV AZU, une berline et une camionnette équipées d’un nouveau moteur bicylindre refroidi par air qui, avec une cylindrée augmentée de 50 cm3, passe de 375 cm3 et 9 ch à 425 cm3 et 12 ch. La 2 CV AZ se voit aussi dotée en série d’un embrayage centrifuge. Sa conduite étant plus facile et plus confortable grâce à ce nouveau dispositif semi-automatique, la Petite Citroën, est ainsi encore plus appréciée des conductrices et devient aussi une voiture on ne peut plus à l’aise dans les embouteillages de la circulation urbaine. La gamme s’enrichit ensuite avec la 2 CV AZL en novembre 1956, une version luxe de la 2 CV AZ, la 2 CV AZLP en septembre 1957, une 2 CV AZL avec une porte de malle en tôle, et la 2 CV 4 x 4 « Sahara » à deux moteurs en février 1961. La puissance du moteur de 425 cm3 évolue aussi. Au fil des ans, il passe successivement de 12 ch à 12,5 ch, 13,5 ch et 15 ch. En février 1963 celui-ci passe enfin à 18 ch et la 2 CV AZLP fait l’objet d’une nouvelle homologation sous le type 2 CV AZ série A ou 2 CV AZ-A. Le mois suivant, est dérivé de cette nouvelle 2 CV une version à finition améliorée inspirée de celle de l’Ami 6. Elle est dans un premier temps désignée 2 CV AM puis 2 CV AZAM. Ce modèle de haut de gamme connaît une évolution majeure dans sa finition pour devenir à partir d’avril 1967, la 2 CV AZAM Export, reconnaissable, entre autres, à ses élégants enjoliveurs de roue en plastique thermoformé à flanc blanc emprunté à l’Ami 6 Club. Le 28 août 1967, lorsqu’est lancé la Dyane, la gamme 2 CV est réduite à sa plus simple expression et ne subsiste plus au tarif que la 2 CV AZLP disponible avec l’embrayage centrifuge en option… Du côté des camionnettes, en avril 1963 est apparu une nouvelle version, la 2 CV AK 350, avec une partie fourgon plus longue de 20 cm que celle de la 2 CV AZU et reprenant la base mécanique de l’Ami 6 dont son moteur de 602 cm3 de 3 CV.
En février 1970, la gamme 2 CV qui fait de la résistance face à la Dyane, se voit totalement rajeunie. La 2 CV AZLP est remplacée par deux modèles, la 2 CV 4 et la 2 CV 6. Offrant un niveau de finition supérieur, elles reçoivent aussi chacune une nouvelle mécanique. La 2 CV 4 hérite du moteur de 435 cm3 et 26 ch apparu avec la Dyane 4 en mars 1968 et la 2 CV 6 le moteur de 602 cm3 et 32,8 ch de nouvelle génération à carburateur simple corps apparu sur la 2 CV AK 350 en mai 1968. Visuellement ces nouvelles 2 CV adoptent des feux arrière multifonction de type Ami 6 Break et des clignotants sur les ailes avant. Tout d’abord rectangulaires, ceux-ci deviennent ronds à partir d’avril 1970. Dans les mois qui suivent, les 2 CV camionnettes font elles aussi l’objet d’améliorations. La 2 CV AK 350 reçoit une caisse au fourgon surélevé et prend la désignation de 2 CV AKS 400 en juillet 1970, tandis que la 2 CV AZU 250, apparue en janvier 1972 et équipée du moteur de 435 cm3, remplace la 2 CV AZU à moteur de 425 cm3 dans la puissance avait été portée à 21 ch fin août 1967. A partir de septembre 1974, les 2 CV changent de visage. Leur face avant est modifiée par l’adoption de phares rectangulaires offrant un meilleur éclairage et d’une calandre en plastique moulé. Mais le premier choc pétrolier et la crise financière qui s’en suit imposent la sortie d’un nouveau modèle d’entrée de gamme bon marché, la 2 CV Spécial, qui ramène la 2 CV à ses origines. Rustique et dépouillée à l’instar de la 2 CV AZ des Années cinquante, celle-ci reçoit le moteur de la 2 CV 4, abandonne la troisième glace latérale apparue en septembre 1965 et n’est disponible que peinte en Jaune Cédrat. L’année suivante, en avril, est lancée la première série limitée 2 CV avec la fameuse 2 CV Spot orange et blanc. Du fait de son réel succès, elle aura une descendance nombreuse avec, en France, la 2 CV 6 Charleston (1980-1990), la 2 CV 007 (1981), la 2 CV France 3 (1983-1984), la 2 CV Dolly (1985-1986) et la 2 CV Cocorico (1986).
Entretemps, l’offre des 2 CV évolue. Les camionnettes sont remplacées par l’Acadiane en février 1978. En juillet suivant, la 2 CV 4 est retirée du tarif. Un an plus tard, en juillet 1979, la gamme se compose des 2 CV 6 Club et 2 CV 6 Spécial qui remplacent respectivement la 2 CV 6 et la 2 CV Spécial. Il n’y a plus de 2 CV à moteur de 435 cm3 au catalogue. Seules subsistent désormais des 2 CV à moteur de 3 CV… En 1987, première alerte sur l’avenir de la 2 CV, sa production en France, à l’usine de Levallois, cesse mais elle se poursuit au Portugal dans l’usine Citroën de Mangualde où elle avait repris depuis 1982. La même année, en juillet, la 2 CV 6 Club est à son tour supprimée. Il ne reste plus alors au catalogue que la 2 CV 6 Spécial et la 2 CV 6 Charleston… La gamme 2 CV reste ainsi en l’état jusqu’à la fin. Pour le dernier millésime, en juillet 1989, les 2 CV adoptent, nouvelles normes européennes obligent, une insonorisation renforcée du type de celle apparue sur les 2 CV exportées en Suisse à partir de septembre 1982. Puis vient ce fatidique 27 juillet 1990 où la dernière 2 CV, une 2 CV 6 Charleston Gris Nocturne et Gris Cormoran tombe de chaine à l’usine de Mangualde à 16 h 30. Derrière elle, il n’y a plus de que des AX…
La 2 CV tire donc sa révérence loin de sa terre natale après 5 114 969 exemplaires produits toutes versions confondues. Mais cet événement ne signe pas son arrêt de mort, loin de là ! Depuis maintenant 33 ans, sa popularité ne cesse de croître tant en France qu’en Europe et dans le monde entier. Et si aujourd’hui la 2 CV est bien vivante, c’est avant tout grâce à un milieu associatif étonnamment important et dynamique, mais aussi à une société comme la nôtre qui, consciente de sa dimension. Iconique et patrimoniale, permet à des milliers de passionnés d’entretenir, de réparer et de ressusciter leurs Petites Citroën. A l’aube de ce troisième millénaire, la plus populaire des voitures françaises peut envisager son avenir le plus sereinement qui soit, tant avec son moteur thermique historique que de façon écoresponsable avec notre kit Rétrofit R-fit de transformation électrique. Malgré ses 75 ans, la 2 CV est plus que jamais une voiture d’avenir qui ne cesse de rajeunir !