Automobiles du Clos, un Lorrain au pays des Malouins
2CV-MCC | 16 décembre 2019Le Lorrain Paul Decker est installé en Bretagne depuis trente ans où il dirige le garage des Automobiles du Clos qu’il a lui-même créé. Passionné de mécanique et de voitures anciennes, celui-ci apprécie tout particulièrement de pouvoir travailler sur les Petites Citroën et de partager la passion de leurs propriétaires.
Comme de nombreux petits garçons, Paul Decker a toujours été fasciné par les mécanismes. Après ses jouets, lorsqu’il a eu l’âge d’avoir un vélo, il passe beaucoup de temps à le démonter. Ensuite cela a été le tour des Mobylettes puis des motos et enfin des premières voitures. Ce goût pour la mécanique lui vient sans aucun doute de son père qui, entre autres, a exercé le métier d’ajusteur. Cette passion se transforme très vite une vocation à tel point qu’il décide de s’orienter vers un apprentissage. Mais, avant cela, en 1977, il décide suivre un préapprentissage dans un garage de Metz en Moselle. Concessionnaire Alfa Romeo et Datsun, celui-ci possède un grand atelier de carrosserie. Au bout de trois ans, une fois son diplôme obtenu en 1980, Paul y est embauché. Là, il gravit les échelons pour devenir chef d’atelier en 1987. Deux ans plus tard, notre ami décide de voler de ses propres et ailes part s’installer en Bretagne d’où son épouse est originaire. Dans un premier temps, il trouve à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, un emploi chez Saint-Malo Auto Sport, un garage spécialisé dans les voitures haut de gamme. Au bout de deux ans, n’ayant pas de perspective d’évolution de carrière, il se décide à franchir le pas. Il loue alors un local en ville, dans le quartier de Rocabey, mais la situation et l’accès n’en sont pas idéaux. En plus, aucune banque ne veut le suivre… Avec l’aide amicale de certains fournisseurs, Paul l’équipe entièrement en outillage. Et démarre son activité. Ayant signé un bail précaire, il n’y reste que deux ans. En 1990, il part s’installer dans la Zone Industrielle Sud où, désormais soutenu par sa banque, il achète un bâtiment où il va pouvoir travailler sereinement et tout à son aise. Aujourd’hui, après bientôt vingt ans, le garage des Automobiles du Clos s’y trouve toujours et n’a surtout pas l’intention d’en bouger !
Le terrain occupe une surface totale de 800 m2 dont les extérieurs sont dévolus au parking et à quelques espaces verts apportant au cadre une touche de nature bien agréable. Le bâtiment en lui-même bénéficie d’une surface au sol de 600 m2 comprenant 450 m2 d’atelier et 50 m2 de bureau, réception, vitrine, magasinage et stockage de pièces détachées. Dans l’atelier lui-même, pour un total de quatre postes de travail, l’on trouve cinq ponts, soit un à quatre colonnes, trois à deux colonnes et un pont roulant indépendant. Le gros outillage se compose d’une grue de levage et d’un appareil de réglage de trains avant. Deux mécaniciens y travaillent en permanence et notre ami les rejoint dès qu’il le peut. Il est vrai qu’il s’occupe aussi beaucoup de la réception. Il peut aussi compter sur une secrétaire qui se charge de la comptabilité, du service commercial, mais aussi de la recherche de véhicules.
Client de longue date du 2CV-MCC, Paul fait les démarches pour devenir Point-Relais et s’en voit délivrer le panonceau il y a un an et demi au mois de juin 2018. Passionné par les Petites Citroën, il aime travailler dessus et rencontrer leurs propriétaires qui ont tous cette passion très particulière que l’on ne trouve que chez les Deuchistes. Paul a depuis longtemps compris que la 2 CV n’est pas une voiture comme les autres, et qu’elle attire systématiquement la sympathie de tous ceux qu’elle croise. Actuellement, son volume de commandes à Cassis est, en moyenne, d’une tous les quinze jours. Il fait aussi depuis quelque temps la réception des colis pour les particuliers. Cela qui lui permet de se faire mieux connaître dans sa région et de compter de nouveaux clients qui, jusque-là, ignoraient son existence. Et puis, comme il le dit lui-même « c’est aussi l’occasion de faire de nouvelles rencontres, d’échanger et de donner des conseils à qui en a besoin ». Mais, au-delà de la passion, Paul aime se dire que chaque 2 CV réparée ou remise en route est un petit morceau du patrimoine automobile français qui est préservé et qui sera donc transmis aux générations futures. Finalement, n’est-ce pas là l’essentiel ?
Trois questions à Paul Decker :
Interview expresse
– Depuis combien de temps êtes-vous dans la 2 CV ?
– « La 2 CV est dans ma vie depuis toujours. Pendant toute mon enfance, ma Mère avait une 2 CV AZ qui m’a laissé des souvenirs inoubliables. C’est mon Père qui la lui avait achetée. A l’époque c’était une voiture qui ne valait pas bien cher sur le marché de l’occasion, et on en trouvait vraiment partout. Pour un couple de jeunes mariés, une 2 CV d’occasion était une première ou une seconde voiture idéale ! Malheureusement, je n’ai pas de photos de celle de ma Mère. J’en ai cherché dans les archives familiales, mais je n’en ai pas retrouvé. C’était un très vieux modèle. Je me souviens qu’elle était grise avec la fameuse capote longue à petite lunette ovale. Etrangement, j’en conserve certains souvenirs très précis, mais je suis par exemple incapable aujourd’hui de vous affirmer qu’elle avait toujours son capot à petites nervures ou si celui-ci avait été remplacé par un plus récent à cinq nervures… Ça reste un mystère… Après cette 2 CV, ma Mère est passée à l’Ami 6 Berline Or Sombre, un dernier avec les feux arrière comme sur les 2 CV 4 et 6. Elle a fini dans un accident. Ma Mère n’a rien eu, mais l’Ami 6 était détruite. Son toit s’était détaché, et elle était comme décapsulée… Elle a ensuite eu une GS qu’elle a conservée assez longtemps. Quant à mon Père, c’était un inconditionnel de la DS. A l’exception de la DS 23, il en a eu tous les modèles ! »
– Quel est votre modèle préféré ?
– « En fait la 2 CV 6 que je possède, une 2 CV 6 Spécial Vert Jade de 1981, est vraiment le modèle que je préfère. Pour moi c’est le plus abouti. Avec son moteur de 602 cm2 et ses freins avant à disques, c’est une voiture qui roule à 110 km/h et qui s’intègre parfaitement dans la circulation moderne. Elle offre un véritable plaisir de conduite. Et le fait qu’elle soit de ce modèle et de cette couleur, de 1981 et Vert Jade, n’est en rien le fait du hasard. Lorsque j’ai rencontré mon épouse Anne-Yvonne, elle en possédait une identique. Elle était magnifique, de la même couleur et de la même année. Elle lui avait été offerte par son Grand-Père lorsqu’elle avait obtenu son permis de conduire. Seulement, lorsque nous nous sommes mariés et que nous avons eu notre premier enfant, nous avons été obligés de nous en séparer. Nous l’avons vraiment revendue la mort dans l’âme… C’est pour cela que, lorsque nos trente ans de mariage ont approché, j’ai décidé de retrouver strictement la même. Ça n’a pas été facile parce que la couleur n’est pas courante et, en plus, il m’en fallait une qui soit en bon état, à un prix évidemment raisonnable et si possible pas trop loin de chez moi. Au bout de quelque temps, j’ai quand même trouvé mon bonheur près de Rennes. Comme elle était du même mois que celle de mon épouse, que le châssis était bon et qu’elle était assez bien conservée, je n’ai pas hésité. J’ai changé les planchers, révisé la mécanique qui était saine, et lui ai fait une peinture complète. On ne pouvait rêver plus beau cadeau ! »
– Quel est votre meilleur souvenir en Petite Citroën ?
– « Là, on va revenir à la 2 CV AZ de ma Mère. Lorsque j’étais petit, j’ai passé des heures entières à l’arrière de cette 2 CV grise. Je me revois encore me tenant debout, accroché à la barre du dossier de la banquette avant et à regarder la route. C’est mon premier souvenir de 2 CV, mais vraiment le meilleur que je conserve. Comme je vous l’ai dit, je suis incapable de me souvenir de quelle année était cette 2 CV, mais j’ai encore en mémoire des souvenirs précis chargés de nostalgie comme cette planche de bord si particulière avec son petit compteur, son volant tubulaire et ses essuie-glaces que l’on pouvait actionner à la main si besoin. Aucune autre voiture n’a jamais eu çà. Il y avait aussi les portières avant qui s’ouvrait à contresens, et puis cette odeur vraiment unique qui vous envahissait dès que l’on montait dedans ! Ce sont des choses qui vous marquent lorsque vous êtes enfant. Avec, nous faisions tout. Nous allions faire les courses, allions à l’école et allions aussi nous promener sur les petites routes. Aujourd’hui, quand je remonte dans une 2 CV ancienne que m’a apportée un client, tout me revient à chaque fois. Et à chaque fois cela me fait quelque chose. Qu’on le veuille ou non, il y a vraiment quelque chose de définitivement magique dans la 2 CV ! »
Automobiles du Clos
54, rue de La Ville Es-Cours
ZI Sud
35400 Saint-Malo
Email : autoduclos@free.fr
Site : www.automobilesduclos-ad.fr
Facebook : automobiles du Clos
Tél. : 02 99 81 31 35