L’ATELIER DE RESTAURATION 2CV a chinon, ou la realisation d’un reve d’enfance
2CV-MCC | 23 janvier 2025Lorsqu’en Touraine, un imprimeur passionné de mécanique décide de changer d’orientation professionnelle pour se consacrer à la restauration de voitures anciennes, et qu’en plus, il se prend de passion pour la 2CV, cela donne le jour à un atelier spécialisé aujourd’hui très apprécié des connaisseurs.
Avant de se lancer et d’ouvrir son atelier en périphérie de Chinon, Sébastien Briesach n’était pas du tout dans l’automobile ni dans la mécanique. Pourtant, lorsqu’il était jeune c’était sa grande passion. Il aurait bien voulu en faire son métier, mais son père s’y est opposé. Et paradoxalement, celui-ci voyait d’un bon œil cette activité en tant que loisir. Par exemple, pour faire plaisir à son fils, alors qu’il n’a que 15 ans, il lui offre une Opel Kadett dont le moteur est cassé. Enchante, Sébastien passe tout l’été 1991 à travailler dessus et la remettre en route. Son père aimait lui aussi la mécanique. Il faisait de la moto et assurait lui-même l’entretien de ses diverses voitures. Il a ainsi eu une R 4, une R 12 et plusieurs Ami 8 Break qu’il aimait beaucoup. A partir de 16 ans, Sébastien suit finalement une formation d’imprimeur qui lui permet de s’installer à son compte. Mais au début des Années 2010, l’activité se ralentit avec la généralisation d’Internet. Le support papier commence à fortement souffrir de la concurrence du numérique. Comme la passion de la mécanique ne l’a jamais quitté et est toujours restée son loisir préféré, il se décide à sauter le pas en 2013 pour réaliser son vieux rêve. Il commence par s’inscrire au Cned (Centre national d’enseignement à distance) pour suivre une formation depuis chez lui et passer un CAP de mécanicien en candidat libre. Une fois ce premier diplôme obtenu, son projet est de s’installer à son compte et d’ouvrir un atelier de restauration de voitures anciennes. Mais comme il prévoit d’en faire le plus possible tout seul pour ne pas être éventuellement tributaire de sous-traitants, il décide ensuite d’acquérir les bases en matière de carrosserie. En septembre 2016, il s’inscrit donc à l’Afpa – Centre de Châtellerault. Lorsqu’il démarre son activité en 2017, il ne délaisse pas pour autant son activité d’imprimeur. Mais comme-celle-ci s’est réduite et qu’il s’est séparé de certaines de ses machines, il s’installe dans l’espace ainsi libéré de son local. Son épouse s’occupant alors de l’imprimerie, la mise en route de l’atelier de restauration se fait en douceur. Notre ami reconnaît aujourd’hui qu’il ne connaissait pas grand monde dans le milieu de la voiture ancienne. Avec les premiers clients qui apprécient son travail, le bouche-à-oreille commence à fonctionner. Les rendez-vous et les chantiers se succèdent dès lors avec un rythme de plus en plus soutenu.
Son objectif initial est de se spécialiser. Pour notre ami, « il vaut mieux être bon dans un seul domaine plutôt que d’être moyen partout »… Si au début, il travaille sur toutes les marques, tous les modèles et toutes les époques, très vite il se recentre. Il commence par ne plus travailler que sur des voitures de marques françaises dont beaucoup de Citroën avec des DS, SM, CX et autres XM. S’il a finalement été à l’aise avec ses premiers chantiers, il s’est aussi rapidement rendu compte que la qualité des pièces de refabrication était un problème récurrent. De fil en aiguille, deux clients et amis deuchistes, lui conseillent de faire de la 2CV sa spécialité. Au début, il hésite un peu, en parle autour de lui, puis, en 2020, se jette à l’eau. Il commence par refuser tout ce qui n’est pas une petite Citroën, puis la clientèle de passionnés vient progressivement. L’activité se développant, il embauche alors un jeune carrossier-peintre, Bastien Laurent. Lui aussi, découvre la 2CV au fil des chantiers et se prend au jeu de ses subtilités. A la base, il est plutôt passionné par les voitures américaines… Dès lors, ils se partagent les travaux. La mécanique pour Sébastien et la carrosserie pour Bastien.
Sébastien aime de plus en plus travailler sur les petites Citroën tant anciennes que modernes, même si les pannes et leurs diagnostics ne sont pas toujours évidents. Certaines sont particulièrement complexes, et il faut parfois chercher longtemps pour les résoudre. Mais l’expérience fait la différence et la solution n’est jamais loin. Dans la mesure du possible, il essaie toujours de conseiller, d’inciter ses clients à privilégier l’état et la configuration d’origine. C’est la meilleure façon de valoriser une voiture et de pouvoir, un jour, si besoin, rentabiliser l’investissement qu’elle représente une fois restaurée. En 2022 son volume d’activité est tel qu’il devient Point Relais 2CV-Méhari Club Cassis. Après avoir fait le tour des marchands de pièces pour 2CV, Bastien reste convaincu que, pour un professionnel comme lui, rien ne vaut en fait le montage des pièces d’origine. De plus il apprécie d’être en relation avec des interlocuteurs de qualité et efficaces.
L’Atelier de Restauration 2CV est installé depuis 2018 dans un bâtiment qui jouxte l’ancienne imprimerie de Sébastien. Il est un peu à l’écart de la route, et cela ne le satisfait pas vraiment. Il aimerait être un peu plus visible et pouvoir s’agrandir. Aujourd’hui, il ne dispose que de 350 m2 pour faire mécanique, carrosserie mais aussi peinture car il s’est entretemps équipé d’une cabine. Il dispose de trois postes de mécanique et de deux, parfois trois, postes de carrosserie. Mais il y a toujours des voitures en attente et, le soir, une fois la journée finie, il faut lever les ponts, glisser les voitures dessous et les protéger des gouttes d’huile de celles qui sont au-dessus… L’idéal serait pour lui de disposer d’un local qui fasse de l’ordre de 1 000 m2 et qui soit situé dans une zone particulièrement passante de la périphérie de Chinon. Il voudrait y aménager un espace accueil-exposition digne de ce nom pour mieux mettre son travail en valeur. Sébastien souhaite aussi embaucher un mécanicien qui viendrait l’épauler. Son objectif est maintenant de déménager avant deux ans. En attendant de pouvoir réaliser tous ces projets, il se fait connaître par tous les moyens. Présent sur Facebook avec une page entièrement dédiée à son activité, il est en train de réfléchir parallèlement à la mise en place d’un site Internet qui sera ouvert dans le courant de cette année.
Trois questions à Sébastien Briesach
Interview expresse :
● Qu’est-ce qui vous plaît avant tout dans la 2CV et dans la Méhari ?
– « Ce qui me plait avant tout, c’est que, grâce à mon activité professionnelle, des clients ou des amis me demandent de venir pour une sortie de grange. Découvrir une voiture là où elle s’est arrêtée il y a parfois plusieurs décennies est toujours un moment magique. Qu’elle soit recouverte de poussière ou protégée par des bâches, c’est unique ! Ensuite, la sortir de son pour lui redonner vie est aussi une grande satisfaction. Il faut trouver les pièces qui manquent pour lui rendre sa configuration d’origine. Les teintes, les selleries, les détails spécifiques au modèle et à son année, ou encore la visserie quand c’est possible, il y a toute une enquête à faire dont les gens n’ont pas toujours conscience. Réveiller une mécanique est évidemment plus intéressant qu’une simple vidange ! J’ai toujours l’impression de ranimer quelque chose d’inerte. Au début, je pensais que la 2CV était une « voiture facile » parce que rustique. Mais quand je m’y suis mis, j’ai découvert plein de subtilités, plein de petits défis techniques qui demandent de la précision et de la méthode. Il ne suffit pas d’avoir une pince mutiprise et un tournevis comme on l’entend beaucoup… Pour chaque 2CV qui arrive à l’atelier, on commence par se poser deux questions de base. Quelle était sa configuration d’origine et qu’est-ce qu’il nous faut pour la lui rendre. »
● Quel est votre modèle préféré ?
– « J’ai une 2CV AKS 400 à phares ronds que j’aime beaucoup, mais elle n’est pas roulante. Pour me déplacer j’utilise une Ami 8 Break de 1975. C’est aussi un modèle que j’apprécie particulièrement. Je la trouve très pratique et, d’ailleurs, j’en ai quatre. Je n’ai pas de 2CV berline à titre personnel. J’aime beaucoup les modèles anciens, surtout la 2CV AZAM, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier les dernières 2CV 6 qui roulent vraiment bien. Avec leurs freins avant à disque et leur carburateur à deux corps, elles s’intègrent toujours très bien dans la circulation actuelle. Si je pouvais, je m’en offrirais les deux. L’été j’ai souvent quelques 2CV AZAM en entretien. J’aime beaucoup les essayer avant que leurs propriétaires ne viennent les chercher. Pour se promener c’est un modèle idéal. J’aime beaucoup la 2CV AZAM à quatre glaces mais avec déjà des portières avant ouvrant dans le bon sens. Ce modèle n’a été produit que de décembre 1964 à septembre 1965, soit moins d’un an. J’en ai restauré une. C’était un de mes premiers chantiers et je l’ai toujours aujourd’hui en entretien. C’est vrai que c’est un bonheur à conduire. Elle m’a vraiment “mis à la 2CV”. C’est par elle que j’ai vraiment découvert ce modèle. Je me suis très vite rendu compte que c’était une voiture très attachante et la passion et venue très vite. »
● Quel est votre meilleur souvenir de petite Citroën ?
– « Je pense que la petite Citroën qui m’a le plus marqué lorsque j’étais enfant et dont je garde un souvenir très fort, c’est cette Ami 6 Break qui était stationnée dans la cour chez un oncle. Elle n’était plus roulante depuis quelques années, mais j’aimais me mettre à son volant lorsque je venais chez lui avec mes parents. C’est inoubliable ! C’est un peu de là que vient en fait ma passion pour l’Ami 8. Cette Ami 6 Break était Vert Charmille et était en panne. Je l’adorais. Je n’ai jamais vraiment connu son histoire. Je n’ai par exemple jamais su si mon oncle l’avait achetée neuve ou d’occasion. Elle était très abimée. Elle lui servait pour stocker quelques affaires. Quand je venais, je passais mon temps à la vider pour me faire de la place. Mais un jour elle est partie. J’ai été vraiment triste lorsque je l’ai découvert. C’était un peu comme un compagnon de jeu qui n’était plus là… »
Coordonnées :
L’Atelier de Restauration 2CV
6, rue de L’Olive
37500 Chinon
Tél. : 06 83 23 86 15
Mail : latelierderestauration2cv@gmail.com
Facebook : L’atelier de restauration 2CV