GARAGE CLASSIC AUTO SAUZON A BELLE-ILE, AERONAUTIQUE, NAUTIQUE ET VOITURES ANCIENNES
2CV-MCC | 25 juillet 2025Le parcours personnel et professionnel de Fabien Paumier est véritablement atypique. Il grandit tout d’abord entre Courbevoie dans les Hauts-de-Seine, où ses parents sont fleuristes, et l’île de Belle-Ile-en-Mer dans le Morbihan, où ses grands-parents paternels possèdent une maison. C’est là qu’en 2017, il se fixe et ouvre le garage Classic Auto Sauzon après avoir bien roulé sa bosse dans les airs et sur les mers…
Son environnement familial baigne dans la mécanique aéronautique puisque son grand-père est dans l’aviation depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Il a, entre autres, été chef-pilote de l’Aéroclub de Courbevoie basé à Saint-Cyr-L’Ecole. Avec son père, lui aussi féru d’aviation, ils l’initient à la mécanique aéronautique. Dès l’âge de douze ans, Fabien effectue ainsi ses premières vidanges et commence à gagner de quoi financer son brevet de pilote. Formé sur le tas, il apprend toutes les ficelles, les astuces et les tours de main. A l’âge de 26 ans, après avoir obtenu un Brevet de Technicien en mécanique et chaudronnerie aéronautique au Lycée Vauban de Courbevoie, il travaille à l’aérodrome de Toussus-Le-Noble dans les Yvelines en tant que mécanicien et chaudronnier-ajusteur cellule pour un dénommé Yves Gardan. Celui-ci possède alors une entreprise qui fait de la révision et de la réfection d’avions ainsi que de la réalisation de prototypes. Il construit alors des avions spéciaux pour Météo France et les douanes de la Police de l’Air et des Frontières. Il y reste dix ans jusqu’à ce que la vie en Région Parisienne provoque chez lui une certaine saturation… Il s’installe alors dans la maison familiale de Belle-Ile et trouve un poste dans une entreprise de travaux publics. Là, il fait la connaissance d’un habitant de Belle-Ile qui possède un chantier naval du nom de Catana. Celui-ci se trouvant sur le littoral méditerranéen à Canet-en-Roussillon dans les Pyrénées-Orientales, pour gagner du temps, il s’y rend en avion privé. Et comme il ne possède pas son brevet et qu’il a ainsi souvent besoin d’un pilote, il sollicite régulièrement Fabien puis l’embauche. Une des premières choses qu’il fait est de lui confier un chèque pour acheter un avion plus rapide ! Notre ami vit alors en permanence entre Belle-Ile et Canet-en-Roussillon. Là, entre deux allers et retours, il s’occupe des bateaux et fait les essais de validation des nouveaux modèles en compagnie du technicien maison. Il se charge aussi tous les ans de la livraison par voie d’eau du catamaran qui doit être exposé au Salon Nautique qui se tient à Paris au parc des Expositions de la porte de Versailles. Pour cela il faut traverser une partie de la mer Méditerranée, passer le détroit de Gibraltar rejoindre l’embouchure de la Seine et Le Havre par l’océan Atlantique puis remonter le fleuve jusqu’à la capitale. Il est parfois obligé de démâter pour passer sous certains ponts, le plus gros catamaran qui a été exposé mesurait 20 mètres de long pour 9,70 m de large… Après le salon, il faut le remettre à l’eau à la Seine et aller le livrer au client. Tous les ans, la saison des salons nautiques commence par Paris, puis c’est Miami, Naples, La Rochelle et Cannes. Et parfois Catana expose aussi au salon d’Annapolis, à côté de Boston, aux Etats-Unis. Il traverse ainsi l’Atlantique à la voile à cinq reprises ! Avec le temps, le pilotage d’avions pour le compte de son patron devient une activité annexe à celle du bateau. Fabien passe en fait sa vie dans les airs ou en mer. Après une quinzaine d’années, son employeur qui habite toujours Belle-Ile, décide de prendre sa retraite et revend le chantier Catana en 2017.
A la même époque, un de ses amis bellilois, Alain Le Bouadec, qui est garagiste dans la commune de Locmaria à la pointe est de Belle-Ile, prend lui aussi sa retraite et lui propose de poursuivre son activité. Fabien qui aspire à une vie un peu plus sédentaire, trouve l’opportunité particulièrement intéressante, et ce d’autant qu’une zone artisanale est en cours d’aménagement sur le territoire de la commune de Sauzon. Il crée alors son entreprise et reprend tout à son ami Alain tout son matériel comprenant, entre autres, ponts, outillage et compresseur. Il achète un terrain dans la nouvelle zone d’activité et fait construire son garage. Partant de rien, il lui faut quand même pas moins de deux ans pour tout mettre en place. Les clients sont déjà là, impatients, alors que la construction du garage n’est pas finie. Et même, lorsque le garage Classic Auto Sauzon ouvre enfin ses portes en 2019, tous les travaux ne sont pas véritablement achevés. L’outillage n’a pas encore sa place définitive… Fabien récupère logiquement des clients d’Alain. Il est vrai qu’il y a parmi eux beaucoup de gens qu’il connait. Dès son premier jour d’activité il a déjà deux chantiers de Méhari à lancer tout de suite dont une à reconstruire entièrement ! Il travaille aussi sur des Fiat 500, des Renault 4 et des Peugeot 205. Depuis, il n’a jamais eu une seule journée à vide. Tout de suite il se spécialise dans la voiture ancienne. Si c’est ce qui lui plaît avant tout, il reconnaît qu’il ne peut pas faire que ça. Parallèlement, il se consacre aussi aux 4 x 4 dont, curieusement, personne ne veut s’occuper à Belle-Ile. Il travaille ainsi sur des Range Rover, des Toyota Land Cruiser et autres Jeep Willys. Il intervient aussi naturellement des voitures plus modernes.
Aujourd’hui, son garage occupe une surface totale de 300 m2, dont 250 d’atelier. Celui-ci possède deux ponts ciseau dont un de quatre tonnes, et un pont mobile Unic, très pratique pour les 2 CV et les modèles dérivés. Fabien dispose ainsi d’un total de trois postes de travail. Selon sa volonté, l’aménagement des lieux est avant tout propre et fonctionnel. Et il veille à ce que ça le reste ! Il effectue lui-même les travaux de carrosserie pour les 2 CV et dispose pour cela d’un outillage complet dont une microbilleuse et une cabine de peinture gonflable. Pour les autres voitures, il se charge des travaux de préparation mais sous-traite la peinture qu’il fait faire Guidel sur le continent. Pour les Méhari, afin d’être tranquille, il préfère se passer de peinture et ne monter que des éléments de carrosserie teintées dans la masse. Il est vrai qu’à Belle-Ile, le climat est plutôt rude. Comme le dit Fabien, « c’est la Grande-Bretagne en hiver et le Sahel en été ! ». Lorsqu’il a ouvert, il avait deux employés mais n’en a plus qu’un seul aujourd’hui. Il a aussi une secrétaire qui vient au garage huit jours par mois et qui, le reste du temps, gère les dossiers à distance en télétravail. Une solution parfaitement adaptée à ses besoins et que Fabien apprécie beaucoup.
En 2024, Fabien rejoint notre réseau de Points Relais un peu par hasard après avoir été convaincu de ses multiples avantages par Justin Tillie, son responsable. Ayant de la famille sur l’île, celui-ci lui rend souvent visite lorsqu’il y vient en vacances.
Fabien pourrait faire valoir ses droits à la retraite depuis deux ans mais faire tourner son entreprise est ce qui l’intéresse avant tout. Cependant, cela ne l’empêche évidemment pas de réfléchir au futur du garage Classic Auto Sauzon. Et celui-ci devrait passer par Brian Faré, le fils de son ex-compagne. Agé aujourd’hui de 22 ans, celui-ci a véritablement envie de s’impliquer dans l’entreprise. Pour cela, il vient de démissionner et, après avoir suivi à Cassis le stage de formation validante permettant d’obtenir l’agrément pour assembler des kit-cars Burton homologués, il vient de commencer à travailler à ses côtés. Fabien va se charger de compléter sa formation et de lui transmettre toutes les ficelles du métier. Ainsi, le garage Classic Auto Sauzon verra son avenir assuré et sera, à n’en pas douter, toujours en bonnes mains !
Trois questions à Fabien Paumier
Interview expresse :
Qu’est-ce qui vous plaît avant tout dans la 2 CV et dans la Méhari ?
– « Pour moi la 2 CV est avant tout une voiture géniale. Elle a un côté cabriolet car elle est décapotable mais c’est aussi une berline car on peut monter à quatre dedans. Elle a quatre vraies places. La 2 CV est aussi une voiture des plus pratiques qu’elle qu’en soit l’usage que l’on en fait. Elle est aussi une machine à rendre heureux. Les passants et les autres automobilistes ont toujours une certaine joie lorsqu’ils en rencontrent une. Et puis, que dire de ses conducteurs ? Moi, j’ai toujours le sourire quand je conduis une 2 CV ! Du côté mécanique, l’accessibilité est exemplaire, on dépose le capot et les ailes avant et on a tout sous la main en quelques instants. On n’a jamais fait mieux dans ce domaine ! Il n’y a pas d’autre voiture comme celle-là. On peut tout réparer sans perdre de temps. On accède à tout en quelques secondes. Et en matière de carrosserie, le remplacement des planchers avec une bonne pointeuse n’est pas une opération particulièrement compliquée. C’est une voiture qui s’entretient et se refait finalement sans trop de problèmes. La 2 CV et à la fois est un plaisir à conduire et facile à entretenir. »
Quel est votre modèle préféré ?
– « La 2 CV que je préfère est une bonne 2 CV 6 pourvu qu’elle ait des freins à disque ! J’aime aussi les 2 CV anciennes, mais ici, c’est compliqué et les prix deviennent déraisonnables. Il ne faut pas croire que Belle-Ile soit particulièrement plate. Nous avons ici de sacrées côtes et ce n’est pas vraiment le fort des 2 CV à moteur de 425 cm3. Quant aux 2 CV A et aux 2 CV AU à moteur de 375 cm3, ce n’est même pas la peine d’en parler… En ce qui me concerne, je refuse de mettre des sommes énormes dans une 2 CV qui reste une voiture modeste. Mon rêve serait en fait de prendre une vielle caisse de 2 CV des Années cinquante avec capot en tôle nervurée et de la monter sur un châssis de 2 CV 6 que j’équiperait avec un moteur de Visa de 652 cm3. Cela me permettrait de rouler tranquillement dans une 2 CV à l’ancienne mais sans en avoir les inconvénients. En ce qui concerne les séries limitées et les séries spéciales, je ne suis pas un grand amateur. Je préfère lorsque lorsqu’une 2 CV est sobre et d’origine. Là, au moins, on reste dans la simplicité de l’esprit originel de la 2 CV. »
Quel est votre meilleur souvenir de petite Citroën ?
– « Lorsque nous étions petit, mon frère et moi, nous allions régulièrement, depuis Courbevoie où nous habitions, voir notre grand-père qui habitait à Cormeilles-en-Parisis. Nous y allions avec notre mère qui avait une 2 CV à moteur de 425 cm3. Nous aimions beaucoup manger des olives et, pour être tranquille pendant le trajet, elle nous achetait chacun un sac d’olives. Les garnements que nous étions nous amusions beaucoup à jeter nos noyaux par la capote ouverte. Nous le faisions le plus discrètement possible, mais un jour nous nous sommes fait surprendre et gronder de façon mémorable ! Cela a été la fin de notre divertissement favori… Mais la 2 CV reste encore aujourd’hui pour moi l’occasion de vivre de bons moments sur les petites routes. Si je n’ai pas le temps de me rendre aux Rencontre Nationales des 2 CV Clubs de France et encore moins aux Rencontres Mondiales des Amis de La 2 CV du fait de mon travail, il m’arrive de participer à des petits rassemblements locaux. Il y a un club à Belle-Ile-même ainsi que des clubs régionaux sur le continent. Mais ce n’est jamais simple car il faut prendre le bateau et l’on est toujours tributaire des horaires de traversée tant à l’aller qu’au retour… Lorsque je serai en retraite, les choses seront différentes. Et comme aussi rouler seul et faire des petits voyages, j’ai déjà quelques projets en tête ! »
Coordonnées :
Classic Auto Sauzon
ZA du Semi
56360 Sauzon
Tél. : 02 97 29 64 54
Mail : classic-auto-sauzon@orange.fr