Garage Pottier dans l’orne : l’ADN Citroën en héritage et la tradition des voitures de collection.
2CV-MCC | 19 août 2021En 1947, le père de Jean-Claude Pottier s’installe à son compte comme garagiste à Boucé dans le département de l’Orne, à une dizaine de kilomètres au sud d’Argentan. Il est alors agent Citroën et distributeur des tracteurs agricoles allemands Fendt. En ces années d’après-guerre, c’est la grande époque des Traction ainsi que des camions U 23 et T 45. En attendant la sortie de la 2 CV en 1949, le garage Pottier répare aussi beaucoup de voitures d’Avant-guerre.
Né en 1961, Jean-Claude grandit dans le garage paternel. Dès sa plus tendre enfance, il baigne dans un univers exclusivement automobile. La mécanique et Citroën font en quelque sorte partie de son ADN. Aussi loin que remonte sa mémoire, il a toujours su ce qu’était un moteur, une boîte de vitesse, un arbre de transmission, un châssis ou encore une vidange. Sa voie est toute tracée ! Adolescent, il n’est pas rare qu’après l’école, le soir ou le samedi, il vienne aider son père à l’atelier. En 1978, après deux ans de pensionnat à l’Institut Lemonnier à Caen, il obtient un CAP – BEP en mécanique automobile. Il travaille alors au garage puis part faire son service militaire en 1980. Démobilisé en 1981, il prend alors la tête de l’affaire familiale.
A l’époque, les voitures neuves qui arrivent au garage doivent être préparées. Souvent les clients demandent que les soubassements soient traités contre la corrosion. Il y a de la neige et du verglas tous les hivers et les routes sont généreusement salées. Et puis, dans ce monde essentiellement rural et agricole, les voitures et les utilitaires ne sont pas particulièrement ménagés. « C’est fait pour servir ! » Il vaut mieux prévenir que guérir…
Mais, avec le développement de l’affaire au fil des ans, le garage familial de 500 m2 manque cruellement d’espace. Situé en centre-ville, il devient aussi parfois gênant pour les riverains et la circulation. Et puis, surtout, il n’est pas vraiment pratique. En effet, celui-ci est alors composé de deux bâtiments distincts qui sont dans la même rue, mais à dix mètres de distance l’un de l’autre et ne communiquent pas. Le premier, avec pompes à essence, sert pour les vidanges et le service rapide tandis que le second est dédié aux grosses interventions mécaniques. Aussi, les bureaux sont accolés à la maison de Jean-Claude de l’autre côté de la rue… Au début des Années 2000, il est temps de mettre en place une organisation plus rationnelle avec un garage plus vaste et désormais situé à la périphérie de l’agglomération. Sur un terrain d’un hectare, Jean-Claude fait alors construire un bâtiment de 750 m2, moderne et rationnel. La construction, lancée en 2004, dure un an et l’inauguration a lieu en septembre 2005. Le nouveau garage accueille aujourd’hui trois postes de travail avec un tôlier-peintre et deux mécaniciens dont un en charge du Chrono Service pour toutes les petites interventions d’entretien courant d’une heure et demie maximum. C’est aussi ce dernier qui se charge du nettoyage et de la préparation des voitures d’occasion. Claire, l’épouse de Jean-Claude, assure tout ce qui est administratif, et notre ami se réserve la partie commerciale, achats et ventes, et le dépannage. Il donne aussi un coup de main à l’atelier lorsqu’il y a beaucoup de travail.
Le garage Pottier travaille aujourd’hui sur les voitures de collection depuis plus de dix ans, mais il s’est toujours occupé de voitures anciennes. Il s’en était fait une spécialité depuis longtemps et il n’était pas rare que des confrères lui envoient ainsi des clients. Travailler sur des voitures « âgées » n’a jamais dérangé Jean-Claude, au contraire, il préfère. Il a plus de satisfaction à réparer une pièce, à la remettre en état qu’à la changer comme on le fait un peu trop systématiquement aujourd’hui.
Le garage Pottier est Point-Relais depuis plus de quatre ans. Il connaissait déjà le 2CV-MCC chez qui il commandait régulièrement des pièces. Puis, de fil en aiguille, il a fini par franchir le pas. Il reste encore beaucoup de 2 CV en circulation dans les environs de Boucé, et cela représente pour lui un volume d’activité supplémentaire qui permet de joindre l’utile à l’agréable. Et en plus, ce qui ne gâche rien, les clients sont des gens sympathiques et passionnés. Pour eux, la 2 CV est devenue une voiture de plaisance à part entière. Véritable phénomène, elle est tout autant un art de vivre qu’un outil d’évasion. D’ailleurs, Jean-Claude constate régulièrement cet engouement pour la 2 CV mais aussi pour la marque aux deux chevrons. Aujourd’hui, les clients Citroën sont toujours à la recherche d’automobiles différentes et possédant une forte identité technique. L’esprit qui anime les 2 CV, les Méhari et toutes les Citroën emblématiques est toujours bien là !
Trois questions à : Jean-Claude Pottier
Interview express :
● Depuis combien de temps êtes-vous dans la 2 CV ?
– « J’ai grandi avec la 2 CV. Mon père les vendait neuves. On les préparait avant de les livrer aux clients. En sortant de l’école j’allais au garage et on les déparaffinait avec un produit spécial. Et puis, selon les demandes, on les blacksonnait mais aussi on posait divers accessoires, des housses, des attelages, des auto-radios, des rétroviseurs, etc. Pour les traiter on démontait les roues et on les levait sur des grands crics. Puis on enduisait les soubassements avec pistolet à air comprimé spécial. On s’en mettait toujours partout. Aujourd’hui, on ne ferait plus ça dans les mêmes conditions… Avant la remise des clefs, on faisait aussi les pressions et on vérifiait tous les niveaux depuis le lave-glace jusqu’au liquide de frein. Il ne fallait surtout rien laisser au hasard ! Le parallélisme et les hauteurs de caisse étaient par exemple repris si cela était nécessaire. Cela ne veut pas dire que cela n’était pas fait, mais nous le vérifions systématiquement au cas où. Ensuite venait le rodage, on donnait des conseils aux clients, puis les premières révisions après 1 000 km. Il fallait resserrer tout un tas de choses comme les culasses, le carburateur, la tubulure, les tambours de frein. On avait une liste de plus de trente points avec vérifications et réglages ! »
● Quel est votre modèle préféré ?
– « Pour moi toutes les 2 CV sont intéressantes quel que soit leur âge. Mon fils a une 2 CV 6 Charleston et moi je possède une 2 CV 6 que j’ai spécialement préparée et avec laquelle j’ai fait la première édition du Raid des Baroudeurs en 1990. Mais je ne me limite pas à la seule 2 CV. J’aime aussi par exemple beaucoup les Méhari. C’est une voiture que j’ai véritablement découverte lorsque j’ai fait mon service militaire. J’en garde de très bons souvenirs. C’est une voiture à la fois amusante et pratique à tous points de vue. Malheureusement, aujourd’hui, la Méhari est devenue introuvable. Tout le monde en veut et les prix ne cessent de grimper… Dans mon garage personnel, j’ai aussi une LN de 1977 équipée du moteur de 602 cm3 et dont le compteur affiche seulement 70 000 d’origine sans centrifuge. Sinon, mon rêve serait de trouver une Méhari 4 x 4 mais, là, c’est encore plus rare et encore plus cher que la Méhari 4 x 2. C’est une voiture vraiment géniale pour faire du tout-terrain. Sur le site Citroën de Limay près de Paris, une annexe de la succursale Félix Faure, ils en utilisaient plusieurs. C’était apparemment des exemplaires d’avant-série sans carte grise. J’aurais bien aimé leur en acheter une, mais ils n’ont jamais voulu. »
● Quel est votre meilleur souvenir de petite Citroën ?
« Mon meilleur souvenir en 2 CV est sans aucun doute la première édition du Raid des Baroudeurs. C’est mon collègue Olivier Mathien qui était agent Citroën à Lesap à côté de Gacé, qui m’en avait parlé. J’avais pris le départ avec Jean-Paul Vétillard qui était un grand amateur de voyage. Pour ce raid, j’avais préparé une 2 CV 6 qui n’avait que 20 000 km d’origine mais qui, prise en sandwich dans un accident, avait tapé de l’avant de l’arrière… Mais il n’y avait rien de très grave puisqu’elle était encore roulante. Nous sommes partis de Noyal-sur-Vilaine près de Rennes en Bretagne au printemps, le 21 avril 1990. La 2 CV vivait alors ses derniers mois de production au Portugal… Nous avons traversé la France puis toute l’Espagne jusqu’à Algésiras où nous avons pris le bateau pour Tanger et le Maroc. De là, nous sommes allés jusqu’au grand sud Marocain par les pistes et le désert. Nous avons découvert des paysages exceptionnels par leurs couleurs et leur beauté. Il y avait 80 équipages composés essentiellement de 2 CV Berlines mais il y avait aussi des 2 CV Camionnettes ainsi que des Dyane, des Acadiane et des Ami 8. Je n’ai pas souvenir qu’il y ait aussi eu des Méhari. Nous roulions guidés par le road-book sans aucun esprit de compétition. Tout le monde s’entraidait dès qu’il y avait un problème. Si nous pouvions réparer, nous le faisions, sinon l’assistance s’en chargeait. En tout j’ai fait plus de 7 500 km lorsque je suis revenu à Boucé. J’aimerais bien un jour pouvoir repartir pour un tel voyage. La traversée des Etats-Unis par la mythique Route 66 me tenterait bien. Ma 2 CV est prête ! »
Garage Jean-Claude Pottier
Route de Carrouges
61570 Boucé
Tél. : 02 33 35 21 31
Mail : pottier.jeanclaude@wanadoo.fr
Site : https://www.garage-citroen-pottier.fr/